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Les troubles de l'écriture chez l'enfant,
l'adolescent
par
Josiane DELORME, Graphothérapeute
o
L'adolescent par le Dr Valérie FOUSSIER,
o
L'adolescence par Huguette PIRONET, Psychologue
o
Le
sens de l'effort , par Arielle ADDA,
psychologue
o
Quand l'enfant
doué est qualifié d'agité, par Arielle ADDA, psychologue
o
Mise au point sur
l'hyperactivité de l'enfant et l'adolescent, par le Dr Ladislas
KISS
o
Faut-il consulter un psy ? par le Dr Ladislas KISS,
psychiatre
Les troubles de
l'écriture chez l'enfant, l'adolescent
par Josiane DELORME

Par
Josiane
Delorme - Graphothérapeute
Approche Plurielle,
Expert en écritures manuscrites, créatrice du
concept Approche Plurielle et du centre de formation
agréé .Formatrice de Graphothérapeutes ,
Présidente du G E G A P (Groupement
européen des Graphothérapeutes
Approche Plurielle) (GAP). Auteur de « Les troubles de
l’écriture chez l’enfant ».
En
préambule il faut savoir que
ü Les souffrances des
enfants dans leur problématique de relation à l’écrit,
la trace : les dyslexiques, dysorthographiques,
hyper actifs et tous les dys….
et/dont les précoces, non prises en considération
peuvent les entraîner jusqu’à l’échec scolaire avec des
manifestations psychologiques lourdes de conséquences
pour leur avenir et devenir un
véritable parcours du combattant pour l’enfant et la
famille.
ü Qu’ une relation à
l’écrit fragile et ses résultats : « vilaine
écriture «, lenteur, l’illisibilité, refus de production
dès la maternelle dans les apprentissages, sont
les signes
apparents d’un symptôme, mais pas simplement un résultat
en
non-conformité au modèle enseigné ou à un non
vouloir de l’enfant.
ü que cette
problématique concerne des enfants, très souvent
intelligents, avec un potentiel qui ne peut s’exprimer
dans le cadre conventionnel de l’éducation nationale,
par l’écriture manuscrite. Ces enfants, estimés à ce
jour à environ 5 à 10 % qui ne trouvent pas de
« place » dans cette normalité.
ü Majoritairement les
garçons sont concernés à 90%:
Définition
des troubles :
Si l’enfant, adolescent présente ou a
présenté un ou plusieurs de ces signes et se
trouve encore en difficulté :
Pour
les petits : Bien avant l’entrée en
maternelle à la maison ou dès la Petite Section
à
Collages,
coloriages, découpages laborieux ou refus, évitement
des activités graphiques, maladresse, non participation, brouillon. la
phobie de l’école peut déjà s’installer
Plus
tard, du CP au collège,
mêmes symptômes mais en plus
à
Attitude de refus ou
d’évitement à l’écrit, à la production
à
Lenteur
à se mettre à l’écrit, rêvasse,
à
Devoirs
non terminés
à
Souffrance
d’ordre physique : crampes, douleurs au poignet,
doigts, transpiration
à
Souffrance
d’ordre psychologique : sentiment de culpabilité,
anxiété, dépression,
à
démotivation,
attitude perturbante ou isolement, se sent «
nul »
à Il écrit vite, mais
illisible
à Il est intelligent
mais les apprentissages sont difficiles,
à Son expression
orale est remarquable
à On le dit rêveur,
agité, …etc. etc.
Il est grand temps de réagir
Car, derrière, ou sous, ce qui est
visible que l’on appelle dysgraphie, dysgraphie qui
devient le symptôme, le signal d’alarme se cache
toujours une autre
problématique, celle qu’il faut chercher, trouver.
v
Il
faut, sous peine d’une analyse erronée, donc de
rééducation inadaptée, savoir distinguer :
Les dysgraphies sont les symptômes
apparents
L’écriture n’est
pas belle Peu de soin, mise en page incorrecte, ratures
nombreuses
Mais résultats
scolaires en accord avec l’âge globalement.
De la difficulté de
relation à l’écrit, relation négative à la trace est une conséquence des symptômes
Lenteur
au « démarrage, Évitements des travaux,
Refus de production, Rendu de la page blanche,
Démotivation,
Phobie de l’école …..Comportement ou perturbant
ou inhibé
Les périodes sensibles
d’apparition des symptômes à l’école
Les
symptômes peuvent apparaître à des périodes très
différentes, disparaître et réapparaître. Chaque enfant
est unique, les réactions sont multiples, variables en
fonction des évènements extérieurs, de leur perception,
de mots et
remarques
« destructeurs » qui laisseront trace
à vie, s’il n’y a pas reconnaissance de sa souffrance,
un accompagnement spécifique, et pluriel, tant pour
l’enfant que pour les parents.
Toutefois
et généralement dès la petite enfance, en
maternelle
Petite
section
Dès
les premiers jours : il aime ou n’aime pas la
maîtresse il commence dès cette première année à
« rechigner » sur les activités
graphiques, où
il doit laisser sa trace. Situation d’évitement des
apprentissages. Il ne parle pas de ce qu’il fait. Il
pleure régulièrement pour aller à l’école, n’a pas d’ami, en
récréation il est, ou très agressif, ou isolé, peut
être le souffre douleur des
autres enfants. Tout excès, durable, est un signe à
prendre en considération.
En
grande section,
Rien
n’a changé, et de plus tenir un crayon lui est
difficile, douloureux, vous le sentez souffrant, réticent, même opposant.
Refusant en classe, à l’extrême, de respecter les
consignes.
Son
comportement peut être soit : dissipé, dérangeant
pour la classe, ou à l’inverse il se complait dans son
coin, à la récréation souvent seul, n’intègre pas le
groupe. Se fait-il inviter aux anniversaires ?
Il
est « sage », il ne dérange pas, on ne
l’entend pas, donc « tout va bien ».
Non !
s’il mentionne que ce qu’il fait n’est pas beau,
qu’il est nul. (c’est son sentiment, sa perception)
alors ne pas
laisser cette situation perdurer, mais cela peut
simplement être un passage délicat.
L’entrée au CP
Tout
peut s’arranger. L’intérêt de la nouveauté, si
elle correspond à ce qu’il espère, l’enfant va
trouver » nourriture » et réponses à ses
attentes.
Ou
bien à l’inverse il peut y avoir mal être. Du mal au
ventre, sommeil perturbé, hyper activité motrice
jusqu’à la phobie de l’école. S’il y a persistance des
symptômes précédents ou si les symptômes se révèlent à
cette période il est plus que temps de réagir,
c'est-à-dire consulter. Il vaut mieux prévenir que
guérir.
Garder
toujours à l’esprit que le non écrit est le
symptôme le plus « visible ».
En CM1, CM2
Continuons avec la
mise en évidence des périodes sensibles où les
symptômes peuvent se révéler. L’appréhension des
parents pour le passage en 6°. Trop de pression mène
souvent à une baisse de résultats, fatigue, tension. Il
y a accumulation de stress chez les uns et les autres,
ce qui est largement suffisant pour altérer l’écriture
qui devient le symptôme révélateur de la difficulté de
l’enfant. SI cette difficulté persiste après le premier
trimestre il faut consulter afin de comprendre son mal
être. Le bilan graphomoteur
est l’outil révélateur par excellence.
Entrée en 6°
Inadaptation à un
nouveau rythme, l’enfant se trouve submergé par des
exigences qu’il ne peut quelquefois pas assumer.
« Tu es grand maintenant !« Non un enfant à
10 ou 11 ans ne devient pas mature et autonome parce
qu’il est en 6°. Nous pouvons émettre l’hypothèse
inverse, sans faire d’erreur d’appréciation qu’il a
plus que jamais besoin de soutien et d’accompagnement.
Pas tous, bien sûr…..mais le passage à l’écrit pour
d’autres devient problématique : manque de temps
pour noter les devoirs, cahier de texte qui devient un
« fourre-tout » mais où rien n’est indiqué.
Sa belle écriture du primaire devient illisible, il ne
suit plus les lignes, il devient irritable et vous
aussi… » Début de la culpabilité de l’enfant qui
sauf exception « ne le fait pas exprès ».
Bâillements, rébellion, page arrachée, exaspération et
lendemain enfant « pâlichon »
Les
enfants précoces, à haut potentiel et l’écrit
Une
des spécificités de certains enfants précoces est
d’avoir une relation tout à fait particulière à la
trace. Non, ce n’est pas systématique, mais nous savons
qu’environ un tiers de ceux-ci, des garçons
majoritairement, développe dès leur plus jeune âge cette
gênante dissemblance. Le test psychométrique ou test de
QI nous révèle des informations précieuses quant aux
motifs de cette « anomalie » par rapport à
leur potentiel verbal noté « supérieur ou très
supérieur «. Là encore, abstenons nous de procéder par
généralité. Chaque précoce est unique, nous retrouvons
des tendances, des débuts d’explication. Oui, c’est
difficile à croire et parfois jugé comme inconcevable,
les enfants précoces peuvent être en échec scolaire et
avoir une relation très handicapante à l’écriture, car
s’ajoute la plupart du temps un ou deux autres troubles
des apprentissages. Nous allons donc rencontrer la
plupart des symptômes cités ci avant, ce qui va vous
interpeler.
Qui peut
déceler ces symptômes ?
L’enseignant Une concertation
tranquille, ouverte, entre enseignants, médecin
scolaire, psychologue scolaire, et les parents devrait aboutir à une
orientation vers le choix d’un thérapeute. Bien
évidemment il est nécessaire en amont de cerner les
symptômes, avoir la connaissance des informations, d’où la nécessité
pour l’enseignant d’être informé et formé au dépistage
des différents troubles d’apprentissages ce qui lui
permet d’orienter les parents vers le spécialiste
concerné et éviter ainsi une perte de temps pour
tous
L’orthophoniste
C’est un rééducateur spécialisé qui est chargé
de la correction des troubles affectant :
perturbation d’acquisition liée à un déficit sensoriel
ou neurologique, dyslexie, dysorthographie, aphasie,
etc.) la voix, l’articulation, le langage oral et écrit
(bégaiement, zozotement, retard dans l’acquisition du
langage oral,
le psychomotricien
Le rôle du psychomotricien consiste à
redonner à ses patients un équilibre psychique, tout en
privilégiant l’approche corporelle
le Graphothérapeute Approche Plurielle
( GAP)
·
c’est entrer dans une dynamique de
recherche de compréhension de la problématique de
l’enfant
·
par une
approche globale de celui-ci, par des tests
spécifiques qui permettent d’orienter ensuite vers le
spécialiste.
·
pour aboutir à un plan d’action.
Cette
recherche passe
également par différentes démarches auprès des acteurs
extérieurs à l’école : orthophonistes,
psychomotricien, psychologue….permettant ainsi une analyse
la plus complète possible du parcours, de l’histoire de
l’enfant.
Ensuite, riche de
toutes ces informations le plan d’aide va pouvoir être
proposé : rééducation de base du graphisme si
nécessaire, contact avec le corps enseignant, mise en
place d’une équipe éducative ou autre forme de soutien
si cela s’avère fondamental.
L’orthoptiste et optométricien
Outre le dépistage des
troubles visuels (troubles de la vision monoculaire et
binoculaire, strabisme, déséquilibres oculomoteurs),
qui agissent directement sur l’écriture, la lecture.
les conditions nécessaires à la réussite du
projet d’accompagnement de l’enfant
1.
prise
de conscience par tous que l’enfant à
besoin d’aide.
2.
Mise
en place du plan d’aide à l’école Equipe éducative qui
est la deuxième étape
3.
Mise
en place d’un accompagnement au cabinet
4.
Mise
en place d’un programme à la maison
5.
Suivi
de l’ application du plan
proposé à l’école
6.
Et
continuité de la synergie

|
L’adolescent
par Valérie FOUSSIER
Chers parents,
comment savez vous que votre
enfant devient ado ? Et bien quand vous voyez
pointer le bout de son nez à midi et qu’il vous
dit : « mais il n’y a plus rien à manger ici
dans cette maison. Et que vous rétorquez un peu agacés,
mais le frigo est plein de légumes, de fruits, de
fromage, peut être pas de ce
que tu aimes mais il n’est pas vide. Je vous suggère
fortement de l’inviter à faire les courses avec vous.
Pour le rendre
autonome
Rendre l’enfant autonome le plus
tôt possible et au maximum à l’adolescence pour
lui offrir une bonne qualité de vie et non le faire grandir trop tôt,
l’autonomiser n’est pas synonyme de lui faire faire
tout tout seul. C’est
l’accompagner dans ses faits et gestes avec le retrait
de l’adulte quand l’enfant le clame, la présence d’un
adulte quand l’enfant la réclame. Bien sût le plus difficile dans
l’autonomie de l’enfant est de décrypter quand l’enfant
a besoin du retrait et quand l’enfant a besoin de la
présence. C’est un jeu non verbal très subtil.
Un petit truc : quand
l’enfant est fatigué, qu’il est stressé, soyez présents
même s’il vous refuse. Quand l’enfant est fermement
décidé à faire, surtout allez dans son sens
Difficulté de
l’adolescence
Il est capital de garder le
contact dans la tempête et d’attendre l’accalmie avec
la plus grande patience
L’épauler. Parents, n’hésitez pas
à mettre la main à la pâte et revêtir le rôle de flic
quand il sort des clous. Votre ado n’ose pas vous le
demander alors il vous provoque, c’est plus facile pour
lui. Il vous remerciera plus tard malgré sa violence
verbale à votre égard.
L’aider à assumer un éventuel
retard pubertaire très difficile à vivre surtout chez
le garçon
Attention
à la dépression
L’adolescence comme la vieillesse
sont deux périodes de la vie propice à la dépression.
Le risque de dépression estimé à 5% chez un adolescent
(1% chez un enfant), peut être volontiers masquée chez l’adolescent. C’est une
souffrance à part entière qu’il faut prendre en charge
et non un passage obligatoire vers la maturité. Comment
faire la différence entre une crise d’ado banale et une
dépression à prendre en considération.
Il y a des signes de mal être
qui doivent alerter :
Trouble du sommeil. L’insomnie
est souvent le premier signe. Un ado fatigué qui se
plaint de ne pas pouvoir se lever pour aller au lycée
doit être aidé.
Chute des résultats scolaires. Attention
ce n’est pas toujours un effondrement, un excellent
élève en pleine forme peut devenir un bon élève
déprimé.
Absentéisme. Quand vous recevez
une lettre du principal du collège signifiant les
nombreuses absences de votre ado alerte maximale
Repli sur soi. Quand un ado
refuse d’aller à une fête organisée par son meilleur
copain, soyez vigilant demandez lui
pourquoi.
Rejet par un groupe de copain.
Les ados vont plus facilement vers ceux qui ont la
pêche. Le rejet peut être un signe du comportement
triste de votre ado. Entamez la discussion pour
connaître les raisons du rejet
Crises de larmes fréquentes dans
sa chambre sans raison apparente, surtout quand vous
les surprenez dans leur solitude. Non ce n’est pas
normal de pleurer parce que vous avez refusé de
l’emmener en voiture à son cours d’équitation et que
vous lui avez expliqué pourquoi. Vous découvrirez une
tout autre raison à ses pleurs si vous prenez le temps
de l’écouter.
Ado bouc émissaire. L’humiliation
des professeurs génère des blessures d’amour propre
amplifiées à l’extrême. N’hésitez surtout pas à
rencontrer les professeurs et le chef d’établissement
Rupture sentimentale. Attention
certains ados n’arrivent pas toujours à se relever
après une déception sentimentale
Abus d’alcool et de drogue. C’est
en soi une conduite suicidaire.
Violence. Un ado qui ne faisait
pas de mal à une mouche et qui vous rapporte s’être
battu au poing pour un motif futile doit vous mettre
aux aguets. Discutez avec votre ado et demandez lui
les raisons de son acte.
Contexte de vie difficile ou
modification du contexte de vie : parents séparés,
parent malade, parent au chômage, parent alcoolique,
déménagement.
Les mauvaises
raisons de s’inquiéter :
Quand vous êtes l’objet d’un
passage à tabac oral sur vos préjugés, principes
philosophiques et éducatifs.
Quand les portes claquent, à la
moindre opposition avec vous.
Quand un ado s’enferme à double
tour dans sa chambre, la salle de bain ou déguerpit
chez un copain sans que n’ayez le temps de dire ouf
parce que vous lui avez confisqué son joujou préféré,
l’ordinateur, considérant qu’il y reste un temps
supérieur à votre tolérance.
Quand un ado arrive
systématiquement en retard pour les repas familiaux.
C’est sa façon de se faire remarquer
Quand il préfère
« chater » sur MSN ou Skype plutôt
que de discuter en famille
Quand un ado s’enferme 2 heures
dans la salle de bain, même si cela vous exaspère et
vous met en retard.
Mieux vaut s’alarmer
pour rien que de passer à côté d’une dépression masquée
Comment
convaincre un ado de consulter
Même si le dialogue entre parents
et ado déprimé est aisé, il est vivement conseiller de
faire intervenir un thérapeute car ce qu’il a à dire
est trop intime. Et par définition, un ado déprimé
refuse de consulter. Convaincre un ado déprimé d’aller
voir un psy demande un travail de préparation pour lui
faire voir et admettre sa souffrance. Ici le rôle du
père est fondamental. Son inquiétude face à l’état de
souffrance de son ado peut suffire à le convaincre.
N’oubliez pas que l’ado fait souvent des bêtises pour
simplement attirer l’attention du père. N’oubliez pas
non plus votre autorité parentale en imposant la visite
chez un thérapeute sans leur laisser le choix de dire
non ou bien de discuter. Cela évitera à votre ado en
déperdition énergétique de s’épuiser davantage dans
l’opposition et vous le rassurerez immédiatement sur
ses doutes d’être laissé pour compte, mal aimé et toute
la panoplie de dévalorisation de mésestime de lui qui
va avec. Si malgré votre fermeté l’ado refuse encore,
alors signifiez lui que vous
allez aller consulter à sa place pour parler de son
état.
Où aller ? Consulter votre
médecin de famille. Dérangez votre diabétologue
surchargé de patients. Dirigez vous
selon le degré d’urgence vers un psychiatre à
l’hôpital, en privé dans un centre CMP (consultation
médico psychologique) ou CMPP (centre médico psycho
pédagogique). Les adresses sont disponibles dans les
mairies ou les hôpitaux.
Les thérapies comportementales et
cognitives ont fait leurs preuves surtout quand l’ado
souffre d’une mésestime de lui. Les techniques
d’affirmation de soi sont efficaces. C’est une approche
qui consiste à modifier une conduite inappropriée sur
les idées qu’une personne se fait à propos d’elle-même,
de son passé, de son présent et de son avenir. Les
comportements négatifs, sont transformés en
comportements positifs. Cela permet souvent de renforcer
l’estime de soi.
Mais il n’est pas rare de devoir
avoir recours à des médicaments. Etre déprimé ce n’est
pas être fou, c’est simplement avoir trop à porter sur
ses épaules en même temps. Même Hercule ne pourrait pas
déplacer une montagne. Quand c’est trop lourd, tout le
monde croule. Mais c’est le poids du fardeau qui change
d’un individu à l’autre et la tolérance à la surcharge.
Patienter pour voir le
chaos de l’adolescence s’enfuir
Particularité
de l’obésité de l’enfant et de l’ado
1 enfant sur 5 souffre d’obésité
infantile soit 17,8 % des enfants en France
Souvent constituée lors de la
puberté, période où le désordre alimentaire est bien
connue où le temps passé devant l’ordinateur est
important, et où il existe une diminution de l’activité
physique.
Enfants seuls ou livrés à eux mêmes : principale
difficulté dans la prise en charge car pas de contrôle,
refuge dans la nourriture avec souvent ENNUI , consommation
de plat tout fait du commerce
Intérêt du sport. Favoriser les
sports où il n’y a pas à porter le corps comme le vélo
et la natation. Inciter les enfants les moins sportifs
à fréquenter les salles de sport
Petits trucs
pour enfant et ado à apprendre aux parents
Réseau d’aide aux enfants en
surpoids à travers la France : RéPPOP
(réseaux pour la prévention et la prise en charge de
l’obésité. www.repop.fr ou www.repopgl.org
Prendre sons
temps pour manger
Il faut manger ce dont on a
besoin ni plus ni moins
Eveiller la curiosité des enfants
pour leur faire aimer les légumes
Pratiquer une activité physique
de 30 minutes à 1 heure. Limiter le temps passé devant
la télévision et l’ordinateur.
Respecter un rythme de 4 repas
par jour
Prendre du plaisir à manger
Faire un carnet
alimentaire : ingestion et émotion
Jours/heure
Lieu
Avec qui
|
Constitution
du repas
Avec boisson
|
Faim avant
les repas
(note 1-10)
|
Satiété
après les repas
(note 1-10
|
Etat
émotionnel avant et après les repas
|
|
Petit
déjeuner
|
|
|
|
|
Matinée
|
|
|
|
|
Déjeuner
|
|
|
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Goûter
|
|
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Dîner
|
|
|
|
|
Soirée
|
|
|
|
Apprendre à équilibrer ses repas
même à la cantine : apport conseillé de 1400 kcal
pour un enfant
o Crudités
o Viande
ou poisson ou œuf : 1 à 2 fois par jour (10g /
année d’âge et par jour
o Légumes
variés
o Féculents
dont le pain à chaque repas selon l’appétit
o Laitages :
3 à 4 par jour éviter les produits sucrés tout fait
o Fruit
à chaque repas
o Peu
de matière grasse, limiter la consommation de sucre de
graisse et de sel
o Eau
Apprendre à
analyser l’apport alimentaire
Comment j’aime manger :
salé, sucré, aliments frits…..
Où je mange : fast food,
amis…..
Existe-t-il des
grignotages ? Chasse au grignotage
Combien de repas par jour ?
3 ou 4 repas c’est l’idéal
Diminuer ma consommation de
sucre, charcuterie, pâtisserie, viennoiserie, sauces,
fromage, boissons sucrées
Privilégier les cuissons vapeur,
privilégier les viandes peu grasses, les légumes
Eviter les laitages sucrés tout
faits
Pas de substitut chez l’enfant,
éviter les édulcorants
Lors des fringales : prendre
un fruit et un laitage, s’occuper, sortir faire un tour
dehors téléphoner à un copain ou une copine
Accroître l’activité physique:
monter les escaliers, éviter la télé et l’ordinateur,
préférer les sorties en vélo
Au restaurant savoir faire une addition et ne pas
dépasser 500 kcals par repas
o une
food : hamburger simple
sans frites et sans coca
o Pizzeria :
peu de viande et peu de fromage ou en laisser la moitié
o Italien :
pâtes avec sauce à base de tomates : en laisser
o Chinois :
aliments cuits à la vapeur
o Grec :
kebab sans frites
o 1
assiette de frites = 550 kcal
o 1
croque monsieur = 290 kcal
o 1
panini = 450 kcal
o 1
petit paquet de chips 230 kcal
o 1
pain au chocolat, 1 brioche = 280 kcal
o 1
croissant = 185 kcal
o 1
crêpe nature = 40 kcal
o 1
gaufre = 330 kcal
Certains aliments font –ils
maigrir ? Non
Faut
il
acheter des produits diététiques pour maigrir ? Non
Les compléments vitaminiques sont ils nécessaires ? Non
Est-il nécessaire de
calculer les calories ? Oui à la journée et de
façon simple sans balance pour satisfaire les
plaisirs : exemple régime à 1400 kcal/j pour les
enfants non pubères, pour les ados, entre 1800 et 2000
kcal selon l’activité physique
Modification des habitudes en
douceur
Choix d’objectifs raisonnables,
en accord avec l’enfant ou l’ado et les parents :
premier pas vers la réussite
Choisir le bon moment :
quand c’est pas l’heure, c’est
pas l’heure !
Stabilisation du poids chez
l’enfant (équivalent à une perte de poids car tout
enfant avec le temps prends du poids). Meilleur moyen
pour ne pas bloquer la croissance
Période de stabilisation très
importante
Des sites
intéressants pour les 11-14ans et les 15-20 ans :
mieux vivre dans son corps et dans ma tête avec des
ateliers santé en groupe ou des entretiens individuels www.cg94.fr/nutrition.
01 56 72 70 24
Apprendre à décrypter sa faim, ses envies de manger et
ses émotions.
Manger mieux
Bouger plus
Défi/motivation
Extraits du
livre "Coaching Diabète" de Valérie Foussier aux éditions Josette LYON
|
L'adolescence
par
Huguette PIRONET
Ecrire
sur l’adolescence, quel défi ! Il y a tant à
dire ! Il suffit de regarder la quantité
d’ouvrages consacrés à ce sujet… Très modestement, ce
texte est le résultat de mon expérience, de mes
lectures, il doit être pris comme tel, juste quelques
éléments de réflexion pour tenter d’éclairer le
chemin des parents, parfois si difficile avec des
adolescents…
Sur
l’adolescence des précoces, il y a moins de livres.
Mais, à priori, il n’y a pas
de raisons pour que leur adolescence soit vraiment
différente de celle des autres.
La
précocité accentue toutes les caractéristiques, cela
peut donc intensifier les problèmes, mais pas les
créer.
Et
puis souvent, comme me le disent beaucoup de parents,
ils ont déjà un grand entraînement : les enfants
précoces l’étant, précisément, précoces, ils donnent
très tôt à leurs parents l’habitude des discussions,
des argumentations…
Il
faut bien dire que l’adolescence est une notion assez
récente. Dans les siècles « anciens », qui
avait le temps de vivre l’adolescence ?
On travaillait très jeune, on se mariait très jeune,
et on mourrait jeune.
Lorsqu’il
existait quelque chose de l’ordre de l’adolescence,
c’était constitué essentiellement de rites – rites de
passage, entrée en apprentissage, séjour comme page
dans le château du seigneur, etc. Tout cela était
codifié, et bien clair.
Et
puis, on ne s’occupait pas de psychologie. Il fallait
vivre, voire survivre, d’abord.
Même
encore récemment, avant et juste après la dernière
guerre mondiale… Ce qu’Alice Miller a appelé la
« pédagogie noire » ne laissait guère de
place à l’adolescence. Il s’agissait de
« dresser » les enfants, d’en extirper ce
qui était forcément mauvais, pour en faire des êtres
dociles et respectueux de l’ordre établi. Le
châtiment, c’était « pour ton bien »
A
présent, on respecte les enfants et les adolescents,
on a compris l’importance de la personne, et les
dégâts que pouvait causer ce dressage parfois
inhumain.
On
est passé d’un mode parental dictatorial, à un mode
démocratique. C’est bien mieux, mais c’est bien plus
difficile !
D’autant
que les parents se trouvent face à une exigence de
réussite extrêmement forte, partout – surtout sur le
plan scolaire – et que, en même temps, le souhait de
tous est une relation harmonieuse – comme dans les
publicités !
Tout
cela crée une pression très forte, et les parents ne
s’y retrouvent plus !
Quelques
principes de base, valables pour tous les
adolescents, peuvent aider :
·
Les
parents sont responsables de leurs enfants, comme
tels, ils ont un rôle d’autorité qui doit être
indiscutable – même s’il est discuté parfois !
Pourquoi ? Parce que, si les petits animaux
sont très vite autonomes, les humains, eux, ont
besoin d’un certain nombre d’années pour le devenir.
Un bébé, un enfant livré à lui-même, est en réel
danger de mort. Les parents ont été crées pour éviter cela. Donc, il
y a des décisions qu’ils sont seuls à pouvoir
prendre.
·
Une
démocratie respecte la liberté de tous, certes, mais avec
des lois. Important donc d’établir une
« charte de vie » commune à tous, qui peut
être affichée, et que tout le monde respecte.
Quelques lois, sur ce qui vous paraît essentiel, il
ne s’agit pas d’écrire un code civil !
Lois
sur les domaines essentiels de la vie :
nourriture, sommeil, hygiène, scolarité, respect du
territoire et des autres.
Sur
ces points les parents doivent se mettre d’accord. Le
reste, cela se fait au coup par coup, comme on peut.
·
Les
sanctions font évidemment partie de cette
« démocratie ». Utiliser les punitions
« positives » marche souvent mieux :
réparer, faire un travail d’intérêt commun… Ou la
conséquence des actes, très efficace quand cela est
possible : le linge non mis dans le panier
spécial n’est pas lavé, tant pis si le jean préféré
n’est pas prêt au bon moment…
Et
bien penser à appliquer une sanction, pas une
« vengeance ». Parfois, les adolescents
sont si difficiles qu’on voudrait aller plus loin, ce
qui sera forcément perçu comme une injustice, et ira
à l’encontre du but poursuivi…
·
Pratiquer
ce que Dodson
a appelé le conseil de famille. Pour rédiger ces
lois, on peut d’ailleurs déjà l’utiliser.
Il
s’agit de se réunir tous, pour discuter du sujet qui
pose problème. Toutes les solutions sont
écoutées, tous les avis pris en compte ;
on n’a pas le droit de se moquer, ni de fermer une
proposition sans l’avoir étudiée ; chacun
assume, à tour de rôle, la fonction de secrétaire de
réunion ; si aucune solution n’est retenue à la
fin du conseil, chacun y réfléchit, jusqu’au prochain
conseil.
·
Les
contrats marchent bien avec les adolescents. C’est du
« donnant-donnant ». Beaucoup parlent de
« chantage ». Ce n’en est pas. Dans un
chantage, il y a menace et
danger des deux côtés. Là, il s’agit de
« si… alors » : dans un cas on a
quelque chose de positif, dans l’autre, on n’a
rien… C’est
quand même différent…
Qu’est-ce
que l’adolescence, actuellement ? Le passage
entre l’enfance et l’âge adulte : l’adolescent
n’est plus un enfant – mais il en a toujours la
nostalgie, tout en la refusant ; il n’est pas
encore un adulte – il le souhaite, mais en a peur, et
il doute de ses capacités. Cette description explique
bien une des caractéristiques de l’adolescence :
l’ambivalence. L’adolescent veut et ne veut pas la
même chose…
Exemple
typique : vous vous occupez d’eux « oui,
bien sûr on ne me fait jamais confiance, on est
toujours sur mon dos.. » et vous laissez
faire : « oui, bien sûr tu t’en fiches, tu
n’en as rien à foutre de moi »… ! Donc,
parents, sachez-le, quoi que vous fassiez, ils
trouveront à redire, puisque c’est de leur âge. Alors
faites selon votre cœur, et vos idées. Car ce qu’ils
disent en surface, n’a parfois aucun rapport avec ce
qu’ils pensent au fond…
Ces
quelques techniques sont valables dans pratiquement
tous les cas.
Mais
D’abord,
il faut que vous, parents, vous les façonniez à votre
mesure, à votre style. Par exemple, pour certains
parents, rester à table est très important, pour
d’autres, pas du tout. Inutile de lutter pour quelque
chose qui n’est pas essentiel, il y a suffisamment
d’occasions de conflit sans en rajouter ! Il n’y
a pas une manière d’élever des enfants.
Bien
sûr, il y a de grands principes, le respect, l’amour,
l’écoute et des limites. Mais la manière d’appliquer
cela peut être très variée, et c’est ce qui fait la
richesse des familles.
Ensuite,
avec des adolescents intellectuellement précoces, ces
techniques demandent une rigueur toute particulière.
Si vous dites « si tu as des bonnes notes, tu
auras... » vous ouvrez la porte à toutes les
argumentations : « mais, c’est une bonne
note, dans la classe, pour ce professeur, par rapport
aux autres, par rapport à celle d’avant… etc. »
Donc, précisez quelle note !
Car
n’oubliez pas que, dans cette habitude de
l’argumentation du précoce, il y a, aussi – et
parfois surtout - le goût de la didactique, le
plaisir de trouver un autre argument – bref, un plaisir
purement intellectuel, qui n’a parfois rien à voir
avec le sujet de la discussion !
Enfin,
n’oubliez pas que l’éducation est un travail long,
ingrat, où il faut beaucoup répéter. Que les
crises, les conflits, comme le « cafard »
et le doute, font partie de la panoplie adolescente.
Les adolescents font beaucoup de bruit, c’est leur
manière de « grandir » et de trouver leur
place. Certes il faut leur mettre des limites, c’est
même indispensable. Mais le fait qu’ils luttent
contre ces limites veut souvent dire qu’ils les
testent, qu’ils en vérifient la solidité, parce que
cela les rassure, profondément. Quand on est
insécurisé, c’est tellement rassurant de sentir que
ses parents tiennent – la barre, le coup, comme vous
voulez…
Maintenant,
il peut que cela se passe plus mal, trop mal. Quand
faut-il consulter ?
Quand
un adolescent a un comportement
« négatif », inhabituel, qui dure plus
d’une à deux semaines (cela dépend de la gravité), et
qui le pénalise (ne veut plus voir personne, par
exemple), alors il faut consulter.
Vous
pouvez bien sûr toujours consulter pour vous faire
aider, mais si la situation que je viens de décrire
se produit, il faut consulter.
Pour
conclure, je voudrais dire aux parents de se
faire confiance. Parfois, même, il ne faut pas écouter
les avis « autorisés » des spécialistes
(même les miens !), et se fier à ses sentiments.
Je
vous conseille donc deux livres, bien plus complets
que tout ce que je viens d’écrire, lisez, et faites
selon votre cœur !
« Aimer
sans tout permettre » Dodson Ed. Marabout
« Mon
ado me rend fou ! » Michael J.
Bradley Ed de
l’Homme
Et
pour comprendre la « pédagogie
noire » : « C’est pour ton bien »
Alice Miller
Ed. Aubier
|
Le
sens de l'effort
Arielle
Adda

|
Nous allons envisager la situation
particulière de l’enfant doué au moment où ses dons
peuvent se transformer en pièges parfois imparables
semble-t-il.
Comment aborde-t-il la période de
l’adolescence quand la scolarité exige quelque
effort, alors que, justement, la méconnaissance du
sens de l’effort constitue la pierre d’achoppement
la plus grave dans son cas ?
Tous les enfants doués ne méconnaissent pas
ce sens de l’effort si problématique :
certains restent zélés en toutes circonstances, au
point qu’on pourrait penser que cette qualité est
un don et, comme tel, distribuée par la nature de
la même façon que le don intellectuel. Ceux qui en
sont moins bien pourvus doivent donc le cultiver
plus spécialement.
A partir de cette spécificité des enfants
doués, qu’on
pourrait croire connue de tous, les malentendus,
les fausses interprétations et les remèdes plus ou
moins adaptés s’accumulent.
Durant
tout le Primaire,
les pédagogues ne se posent pas de question
« Tant mieux s’il réussit facilement »
disent-ils tout d’abord, heureux d’avoir dans leur
classe un élève à l’esprit vif, qui comprend vite,
retient bien et semble intéressé par
l’enseignement. Ils ne vont pas se priver d’un si
bon élément faisant la joie de ses professeurs, on
le garde donc le temps réglementaire, puisque tout
est si facile pour lui, et d’ailleurs il n’a pas la
maturité suffisante pour passer dans la classe
supérieure.
Ce sont les filles qui se montrent ainsi le
plus souvent des élèves de bonne volonté,
appliquées et soucieuses d’harmonie ; elles
attirent encore moins l’attention et suivent une
scolarité apparemment sans histoire, tant qu’elles
sont en Primaire.
A ce
propos, je rappelle
mon opinion sur cette fameuse « absence
de maturité » qui sert de justification pour
refuser toute modification et qui n’est même pas
étayée par des faits concrets. Les enfants doués
sont dotés d’une hypersensibilité, encore accrue
par leur perspicacité et ils réagissent souvent
violemment
aux agressions, même quand elles sont
perfides puisqu’ils n’ont pas été dupes de leurs
apparences doucereuses. Adultes, ils conservent
cette sensibilité trop grande et s’appliquent à la
maîtriser comme ils le peuvent.
La
question d’un saut de classe ne se pose même pas
lorsque l’enfant semble souvent ailleurs, qu’il
suit la leçon d’une oreille distraite et ne
manifeste sa vivacité d’esprit que par quelques
rares éclats, vite éteints. Il « peut mieux
faire » c‘est certain, mais il n’est pas
vraiment présent,
il s’en tient à d’honnêtes résultats,
obtenus sans doute sans grand effort ; il est superflu
de se pencher particulièrement sur le cas d’un
élève calme et peut-être même un peu endormi.
Le
saut de classe ne constitue pas un remède absolu,
mais il a le mérite de nécessiter tout de même une
attention plus soutenue : simplement,
l’enfant
appréhende ce « saut » dans un
inconnu qu’il craint et c’est la peur salutaire
qu’il ressent qui l’incite à travailler durant quelque
temps. En fait, la scolarité n’offre pratiquement
aucune réelle difficulté et il est très aisé de
combler ses quelques lacunes : on lui explique
ce qu’il n’a pas encore appris, il le comprend et
il l’assimile aussitôt et de façon d’autant plus
efficace qu’il y trouve, pour une fois, un
véritable enjeu.
Pour
mémoire, mentionnons l’enfant vif, impatient,
curieux de tout et qui s’ennuie à périr. Il bavarde
avec ses voisins, bouge beaucoup, on le qualifie
momentanément d’ « hyperactif »,
mais, par bonheur, le traitement médicamenteux est
prescrit avec assez de précaution pour qu’on ne
l’administre pas sans de multiples examens
préalables ; l’enfant doué, quand il s’agite,
pose donc un problème insoluble, à moins
d’alimenter
en continu cette faim de connaissances. Même
sous alimenté, cet enfant
actif sait pourtant se montrer parfois
remarquablement pertinent et judicieux.
Quelle
que soit la façon dont les enfants doués traversent
le Primaire, leur seul effort s’est réduit à se
forcer pour
exécuter une corvée accablante d’ennui. Parfois,
leurs parents, épuisés d’avoir à traîner ce poids
mort, sont sans cesse obligés de vérifier les
devoirs, les leçons, le carnet de notes, la date
des contrôles. S’ils relâchent leur vigilance,
juste pour voir ce qui va arriver, c’est aussitôt
la catastrophe. L’élève, qui écoutait distraitement
la maîtresse en pensant qu’on allait lui
expliquer
tout ça à la maison d’une façon plus vivante
et plus attrayante, se sent littéralement perdu et
il s’effondre jusqu’à ce qu’on le récupère,
puisqu’il ne semble pas y avoir d’autres solutions.
En
revanche, ceux qui savent se maintenir dans les
premiers de classe font la joie et même parfois, de
façon discrète et peu ostentatoire, l’orgueil de
leurs parents : ces enfants n’ont même pas
besoin de travailler plus de quelques minutes pour
obtenir de brillants résultats.
Qu’il
s’agisse de ceux que l’on doit traîner durant
d’interminables heures ou de ceux qui se contentent
de jeter un coup d’œil sur leur leçon pour la savoir
par cœur, aucun d’eux n’a la moindre notion de
l’effort, c'est-à-dire de faire quelque chose de
difficile, qui oblige à puiser en soi une force
inhabituelle pour atteindre un résultat dont on ne
se serait pas cru capable.
Certes,
ces enfants aiment souvent relever un défi, mais
ils l’envisagent comme un jeu, puisque cet enjeu
doit
impérativement leur plaire et, dans ce cas,
ils ne comptent pas leur peine. Ils sont même
plutôt heureux d’avoir, pour une fois, pu donner leur
mesure. En outre, il s’agit d’un effort
ponctuel,
aboutissant à un résultat glorieux, bien
éloigné de la terne routine du quotidien scolaire.
On
conseille bien aux parents de fournir en activités
extra scolaires ces enfants trop peu occupés en
classe, mais
le choix de ces activités se fait obligatoirement
en fonction des goûts de l’enfant, la passion s’en
mêle, l’effort est alors aisé à fournir, il ne
compte même pas.
L’effort est un
mécanisme qui n’a jamais été activé
Les
parents ont tellement peur de gaver leur enfant
pour se voir ensuite reprocher de le pousser et de le
rendre malheureux, qu’ils auraient plutôt tendance
à le freiner. D’ailleurs, en classe, l’enfant doué
a très vite appris à se freiner lui-même, la
réponse superficielle qui lui vient aussitôt à
l’esprit étant généralement considérée comme très
satisfaisante.
Il se
construit donc de lui-même une image à partir de ce
qu’on lui revoie : un enfant différent des
autres en ce sens qu’il ne doit pas forcer son
talent en classe, ce serait non seulement inutile,
mais presque déconseillé puisqu’en approfondissant
sa réflexion il se démarquerait beaucoup trop de
ses camarades avec les effets secondaires
désastreux que cela entraînerait. Dans son esprit,
il ne s’agit pas particulièrement d’une supériorité,
c’est sa nature, il a une bonne mémoire, il est bon
en mathématiques, il a de bonnes idées en
rédaction, mais
un graphisme souvent catastrophique, il ne dessine pas
très bien, il a aussi ses faiblesses, comme les
autres enfants. Ses parents sont plutôt contents,
parfois même un peu fiers : il a de bonnes
notes sans vraiment travailler. Ils le disent bien un peu
« paresseux », pour ne pas sembler trop
vantards, mais ils ne vont pas se plaindre de cette
facilité qui les dispense de l’inquiétude rongeant ceux
dont les enfants peinent pour apprendre à lire,
doivent redoubler le CP, amorcent un parcours
scolaire déjà désastreux
Cependant,
arrive inéluctablement le moment où cette aisance
merveilleuse commence à disparaître :
En
4°, en 2°, en Terminale, ou plus tard, en Prépa. Il
n’y a pas de mots assez forts pour décrire l’effroi
désespéré qui envahit celui qui ne savait pas ce
que travailler veut dire. Sa mémoire ne fonctionne
plus, la solution des problèmes ne lui apparaît
plus de façon lumineuse et, en outre, il ne sait
pas justifier la réponse exacte qu’il a trouvée et
il a une mauvaise note. Il est totalement incapable
de maîtriser ce raisonnement intuitif et rapide qui
lui fournissait tout naturellement cette solution. Cet élève devenu
plus que médiocre ne peut être le même que
l’ancien, qui brillait avec tant de naturel. Il a
changé, et comment savoir si cette modification ne
va pas se poursuivre, atteindre son aspect physique
peut-être ? Cet effondrement survenant à
l’adolescence, tous les éléments sont réunis pour
qu’il se trouve particulièrement affreux,
disgracieux, repoussant peut-être, en tout cas peu
aimable.
C’est
ainsi que, pour retrouver une certaine maîtrise
d’eux-mêmes, certains élèves plus angoissés et amplifiant encore la pression
qu’ils subissent, peuvent présenter des troubles
importants tels que l’anorexie par exemple. Il y
aurait là un ultime domaine où il leur resterait
quelque maîtrise.
Parfois,
ils avouent recourir à des rituels, alors même
qu’ils ne présentent aucun signe obsessionnel,
mais, dans l’urgence, tous les moyens semblent bons
pour tenter de conserver un peu d’aisance
intellectuelle.
Si
on dit à cet
adolescent éperdu, en s’employant au plus grand
ménagement, « fais un effort ! », il
reste inerte et semble ne pas comprendre. Il ne
peut s’agir de lui quand il est question de fournir
un effort, lui ne sait pas du tout comment
procéder, il espère seulement que les choses vont
se rétablir et qu’il va retrouver son habitude
passée de réussir sans travailler. Etre obligé de
peiner sur un devoir, de réfléchir de façon
besogneuse pour résoudre un problème, de lire et de
relire une leçon sans pouvoir la fixer dans son
esprit démontre bien qu’il n’est plus le même. Ce
n’est pas possible que cette détérioration l‘ait
touché. A
cette seule idée, il est trop profondément
horrifié pour tenter de fournir ce fameux effort
dont la notion reste encore toute théorique pour
lui. Il ne lui reste qu’à sombrer, à se laisser
mourir peut-être, puisque déjà quelque chose en
mort en lui.
Il comprend
simplement qu’on lui reproche son attitude et il
s’insurge contre ce manque de compréhension de la
part de ceux qui lui sont les plus proches et qui
paraissaient le comprendre jusqu’à présent.
On
pourrait concevoir que les enfants basculent ainsi
dans le désespoir, quand ils ne se
reconnaissent plus dans l’image
d’un élève qui doit redoubler, ou bien quand un
étudiant est, pour la première fois de sa vie,
collé à un examen ; en fait, le même mécanisme
agit quand ils sont seulement confrontés à la
nécessité de « travailler », comme si ce
mot recouvrait
pour eux une signification terrifiante.
On
voit des enfants absolument désespérés alors que
leurs notes restent bonnes : passer de 18 à 15
pourrait sembler anodin, mais, pour eux, c’est déjà
l’amorce d’un écroulement qui ira en
s’aggravant sans qu’ils sachent l’enrayer, ils le
sentent au plus profond de leur être, l’avenir est
dramatiquement sombre, mieux vaut alors ne pas vivre
cette déchéance et en finir tant qu’il leur reste
quelques éclats. Ces réactions semblent d’autant
plus surprenantes qu’elles surviennent chez des
élèves qui avaient toujours paru finalement assez
travailleurs, comme le prouvaient leur bonnes notes. Mais, si on
insiste, on apprend que, pour ces élèves appliqués,
« travailler » consiste à jeter un coup
d’œil sur le programme durant quelques minutes, en
se concentrant, en effet, de façon suffisamment
efficace pour rester à leur bon niveau de
résultat.
Ils ne peuvent concevoir qu’il
existe une autre manière de travailler et ils sont
scandalisés si on leur suggère, avec
précautions,
qu’ils devraient peut-être reconsidérer
leurs conceptions.
C’est alors que
les fausses interprétations surgissent en nombre
Des
diagnostics
péremptoires revoient plus que jamais à
l’adolescent doué une image complètement déformée.
On
dit que la
grille de lecture, limpide et évidente, semble toute
trouvée : ces enfants possédaient une telle
facilité qu’ils n’ont jamais été confrontés à un
échec qui aurait marqué leurs limites et,
partant, les aurait incité à envisager la notion de
castration. Cette étape constituerait une des
données essentielles du développement, au même
titre que la phase oeudipienne,
mais ces étapes ne sont pas vécues tout à fait de
la même façon par les enfants doués, même lorsqu’il
s’agit de passages considérés comme inévitables. Il
y aura toujours des différences subtiles,
difficiles à cerner et encore plus difficile à
étudier : le risque d’une approche gravement
réductrice doit être pris en compte.
A
cause de cette étape qui aurait été évitée, les
enfants doués auraient été fallacieusement
maintenus dans un état de toute puissance,
encouragés en cela par des parents fiers et peu au
courant de cette rude étape, indispensable dans l’évolution
d’un enfant. Par la suite, brutalement
placés en face de leurs limites, à un âge où cette
acceptation du réel aurait dû être acquise depuis
longtemps, ils souffrent bien plus que les autres,
qui savaient déjà qu’il leur fallait renoncer à la toute puissance. Quand on dit
que ces enfants sont immatures, on pense aussi à
leur refus de la réalité : c’est parce qu’ils
vivraient, plus longtemps que les autres, dans ce
fantasme de pouvoir absolu, il est alors bien
temps pour eux de
découvrir la dure réalité et tant pis s’ils
l’acceptent si mal. A l’image de ces maladies
infantiles, presque bénignes chez les jeunes
enfants et qui peuvent être mortelles chez les
adultes, cette découverte tardive est plus
douloureuse, mais c’est la destinée humaine de
traverser cette étape. Il faut bien payer cette
scandaleuse aisance des tout débuts. Le remède
consisterait donc à ouvrir les yeux sur la réalité
humaine et à dépasser l’illusion qu’ils avaient
entretenue jusqu’à présent. Si l’enfant en
perdition refuse la psychothérapie qu’on lui
propose, c’est bien parce qu’il ne veut pas
renoncer à son monde magique où tout fonctionne à
merveille sans qu’il soit obligé de s’en occuper.
La thérapie est d’ailleurs envisagée comme une
solution par défaut : on va rechercher dans le passé de
l’enfant en déroute, dans son entourage, dans des
événements mal vécus, les raisons expliquant ce qui
semble un blocage et on va en trouver, parce
qu’aucune existence n’est parfaitement lisse et
sans accrocs, mais on est très loin de la cause
essentielle.
Il arrive alors
que cet élève égaré pense qu’il existe une formule
miraculeuse
Il
suffirait de trouver celle qui lui convient. Il va
donc, répétant qu’il voudrait « apprendre à
travailler » à ses parents momentanément
soulagés, puisqu’ils pensent qu’il va devenir plus
raisonnable, mais cette formule correspond dans
son esprit à découvrir le mode d’emploi d’un
appareil, distraitement utilisé jusque-là, en lisant enfin
attentivement la notice, sans démarche
personnelle de travail assidu. Assidu ? Que
signifie « travail assidu » ?
C’est
là que réside le malentendu qui pousse à créditer
ces adolescents de ‘tout puissants’, alors que ce
pourrait finalement n’être qu’une question de
terminologie. « Travail » n’a pas le même
sens pour chacun. Il en va de même pour bien
d’autres notions, l’humour par exemple, mais là personne ne
s’en étonne.
Quand
on sait que les enfants doués, loin de s’enivrer de
leurs pouvoirs, dont ils n’ont pas conscience et
qui leur paraissent tout naturels, sont
généralement tourmentés par toutes sortes de
doutes,
on
peut difficilement leur attribuer des idées
de puissance. Ils disent bien plus souvent «
je suis nul » et ils s’en désolent. Pour eux,
il n’y a pas de mérite à réussir sans travailler, mais
une mauvaise note inattendue les afflige parfois
profondément, à la grande surprise de leur
entourage qui leur rappelle « qu’ils n’ont pas
travaillé ». Cette constatation, si souvent
entendue, continue à évoquer pour eux un
aspect théorique de l’existence dont on parlerait
juste pour
mémoire.
Une
autre interprétation est maintenant souvent
évoquée : « phobie scolaire »
dit-on d’un adolescent qui répugne à aller en
classe, puisqu’il ne s’y reconnaît plus et qu’il
s’y sent
terriblement malmené. Ce terme de
« phobie » évoque tant de prolongements
pathologiques qu’il peut plonger une famille
entière dans un désarroi épouvanté. Les thérapies
entreprises restent absolument sans effet, elles
n’agissent pas sur le fond, seulement sur les
retombées finales de notions banales, mais
encore
ignorées par les adolescents doués.
A
cette « phobie » s’ajoute, bien évidemment,
un manque « d’estime de soi » tout à fait
naturel dans ces circonstances. Même quand
l’adolescent est enfin pris en main par des pédagogues
qui connaissent ses spécificités et l’aident avec
efficacité, on conserve le traitement destiné à lui
faire retrouver cette « estime de soi »,
comme s’il s’agissait d’un symptôme isolé, sans
véritable rapport avec la situation présente
Il
convient de rappeler que les enfants se
construisent une image d’eux-mêmes à partir de
celle qu’on leur renvoie. Il est pratiquement
impossible de se former de soi-même une image
cohérente et solide sans recevoir de retour de
l’entourage. Ceux qui ont réussi par eux-mêmes,
sans aucun soutien de leur entourage se retrouvent
souvent dans l’action, où ils
connaissent leur valeur, mais l’image de soi
intime, profonde, celle qui permet l’expression des
sentiments, leur fait défaut.
Pour
l’adolescent qui se voit sombrer, cette image se
brouille, alors quelle
« estime » mérite-t-elle ?
Peut
alors s’installer un lent engourdissement, fait de
renoncements discrets, à peine perceptibles, mais
qui s’accumulent
pour aboutir à un état amoindri, le plus
urgent étant d’effacer le moindre souvenir des
rêves d’antan. Penser aux jours anciens réveille
une douleur insupportable.
Ces
réactions tellement douloureuses, la vision d’un
avenir obscurci, l’image de soi durement entamée
n’incitent tout de même pas ceux qui souffrent tant
à modifier leur attitude face au travail : ils
persistent dans leur position et d’ailleurs ils ne
sauraient comment procéder pour la changer.
Souvent,
ils adoptent une attitude plus radicale
encore : ils ne travaillent plus du tout, leur
échec est donc prévisible, justifié, et ils s’en
accommodent du mieux qu’ils le peuvent, puisqu’ils leur faut aussi
affronter les remontrances, plus ou moins sévères,
de leurs parents et accepter de les décevoir. On se
dit « mais à quoi peut-il bien penser en ne travaillant
plus du tout ? Il va redoubler, il travaillera
encore moins, puisque il pensera connaître le
programme et on ne peut refuser le redoublement au
vu de ses notes catastrophiques… » Lui semble
indifférent, ailleurs, à peine concerné par son
avenir.
Il est bien loin
le jeune enfant qui allait à l’école pour les
récréations, entrecoupées de quelques formalités
plus scolaires et plus ennuyeuses accomplies
distraitement, mais avec succès. Une petite fille
se désolait quand elle n’avait que 14. Adolescente elle soupire :
« qu’est ce que je
donnerais maintenant pour avoir 14 ! »
C’est
alors qu’ils ont l’impression d’être à côté ou en
dehors d’eux-mêmes, ils suivent un parcours sans
intérêt, parfois même franchement affligeant, dans
la compagnie de condisciples qui leur restent
étrangers, ils se sentent encombrés par cet
individu qui rate tout ce qu’il entreprend, alors même que
leurs ambitions décroissent d’année en année. Ils
ne se reconnaissent plus.
Pour
éviter à ces adolescents de se croire désormais
relégués dans des limbes floues
où ils se sentent comme égarés, il est essentiel de
les aider à découvrir le plus tôt possible la
notion de travail, la valeur de l’exercice
plusieurs fois répété, l’acceptation des devoirs
rédigés dans la forme demandée, c’est un
entraînement
semblable à celui des athlètes, qui ne
songeraient jamais à s’insurger contre une
discipline qui leur apportera peut-être la joie de
la victoire.
Certains
adultes, encombrés d’eux-mêmes et de cette quête
perpétuelle qui n’aboutit jamais, ont l’opportunité
de reprendre des études.
C’est avec leur esprit
d’adulte, plus pratique et plus au fait des
exigences de la vie, qu’ils
recommencent ce qu’ils n’avaient pas su faire
quelques années auparavant. Ils découvrent
alors dans la peine, dans les larmes même parfois,
les contraintes du travail. Leur désir de
s’extraire de leur malaise actuel est assez fort
pour leur insuffler une énergie nouvelle, mais que
de souffrances à endurer ! S’y ajoute le souvenir encore
pénible des échecs qui avaient marqué les limites
de leur rêve d’accomplissement. Ces barrières,
peut-être infranchissables, pourraient encore
se dresser devant eux, au prochain examen, au
devoir qu’ils rédigent, à l’exposé qu’ils ont
préparé en tremblant.
Eux
aussi ont besoin d’aide, ne serait-ce que pour
alléger leur peine.
Des théories telles
que la gestion mentale viennent à leur secours,
élèves en désarroi comme adultes en perdition, ils
retrouvent les chemins menant à une efficace
utilisation de leurs capacités et surtout à un
bonheur de vivre dont ils avaient depuis longtemps
oublié le goût.
Le
plus sage consiste à donner, dès le début, ce sens
de l’effort
pour qu’il ne reste pas
théorique. « Dès le début » signifie dès
la Maternelle, où les enfants amorcent déjà cet
abandon du sens de l’effort : ils préfèrent
rester semblables à leurs camarades de classe,
alors que c’est dans ce tout jeune âge qu’ils
peuvent apprendre à associer la notion de travail
bien fait à celle de plaisir, mais, pour les y
inciter, il faudrait modifier radicalement la
pédagogie et accepter de prendre en compte les
particularité des enfants doués ; on leur
épargnerait alors ces brutales plongées mortifères
dans un échec annonciateur de catastrophe. Le
prévenir serait plus efficace que de le soigner,
avec plus ou moins de succès, en évitant toutes les
traces douloureuses qu’il laissera, parfois la vie
durant.
Les élèves qui
refusent de voir leurs notes baisser réussissent
bien à éviter ce cap dangereux, quitte à souffrir
face aux pesants pensums qu’ils s’obligent à
effectuer, mais ils gardent le cœur léger, ils
conservent une harmonie familiale sans drame et ils
peuvent s’offrir le plaisir de rêver tout à loisir.
L’adolescence
est alors
l’âge de l’éblouissement dans toute sa plénitude,
le savoir acquis permet de goûter plus
délicieusement les joies de la connaissance et
surtout il ouvre les horizons illimités que des
études plus poussées
vont permettre d’explorer. Le vertige qui saisit
l’adolescent au seuil de ces découvertes laissera
une trace inoubliable : celle du rêve qui
pourrait devenir possible…
|
Quand l'enfant doué
est qualifié
d'agité
Arielle
ADDA
Depuis
quelques années un comportement agité, qu'on aurait
autrefois appelé " instabilité ", très
fréquent chez nombre d'enfants, est désormais connu
sous le vocable " d'hyperactivité ". Les
symptômes en sont bien connus, répertoriés et,
comble de chance, il existe un traitement.
Désormais les parents peuvent vaquer en paix à
leurs occupations et dormir tranquilles : leur
enfant ne perturbe plus la classe, il apprend bien
et il est plus calme à la maison. Il suffisait de
définir correctement l'ensemble de ces troubles et
de leur trouver le remède approprié.
Quand
il s'agit des enfants doués, les incertitudes, les
équivoques et les malentendus s'accumulent comme à
plaisir : tout le monde, ou presque, a maintenant
entendu dire que les enfants doués possèdent des
caractéristiques qui les différencient des autres,
on ne sait d'ailleurs pas très bien lesquelles,
mais il est désormais facile de dire qu'un enfant
un peu différent est ainsi parce qu'il est "
surdoué ". Ne reste alors qu'à l'accepter comme
tel et à prendre son mal en patience, ou bien on le
soigne, à l'instar des autres enfants. Il ne
s'agirait, après tout, que d'un syndrome comme un
autre…
À
la faveur de cet exemple on peut constater à quel
point la notion de don intellectuel engendre des
idées fausses. On en arrive à juger qu'un enfant
fait partie de cette fameuse catégorie dite de
" surdoués " uniquement parce qu'il ne
cesse de s'agiter et les parents perplexes
subissent leur sort sans oser se rebeller,
puisqu'ils ont la chance et le malheur d'avoir un
enfant pas comme les autres, mais si intelligent !
Ils s'entendent dire, de façon plus ou moins
explicite : " voilà ce qu'il en coûte d'avoir
un enfant surdoué et vous l'avez sans doute bien
voulu ! " On conseille donc de le mettre dans
une " école pour surdoués ", lieu
complètement mythique, car on sait qu'il n'existe
pratiquement pas d'" école pour surdoués
" dans le Primaire. Les parents partent à la
quête de ce nouveau Graal, qui va résoudre tous
leurs problèmes, puisque leur enfant y trouvera
enfin la nourriture intellectuelle qui lui
convient. Cette quête impossible n'aboutit qu'à des
solutions approximatives, peu satisfaisantes,
surtout quand cet enfant n'est pas plus doué qu'un
autre, mais seulement agité pour de multiples
causes, allant du problème familial non résolu à la
véritable pathologie, à traiter en urgence. "
Enfant doué " ferait désormais partie de la
nomenclature des troubles et les enfants qui en
seraient affligés ne peuvent s'adapter en milieu
scolaire dit normal, malgré les efforts louables de
l'Éducation Nationale pour intégrer dans ses
classes toutes sortes d'enfants un peu différents…
dans cette optique, on considère qu'un enfant est
intellectuellement doué s'il est très perturbé,
mais on refusera de reconnaître ses dons à celui qui
reste sage et calme, parce qu'il préfère éviter de
se faire remarquer et de semer la zizanie au sein
de la classe, même s'il n'y est pas très heureux.
Cependant,
un enfant authentiquement doué peut, en effet,
s'agiter en classe parce qu'il est d'un caractère
impatient et qu'il connaît tout le programme alors
que les autres peinent encore pour en saisir les
prémices. On le juge insupportable, mal adapté,
difficile, sans songer un instant qu'il puisse dire
vrai quand il a l'audace de prétendre savoir lire et
opérer des soustractions alors qu'il commence à
peine son CP. Confronté à tant d'incompréhension,
il peut se replier tristement sur lui, et se calmer
enfin, dans une résignation désolée et parfois très
nocive pour son évolution à venir, ou bien se mettre
dans des colères folles, explosives, inquiétantes,
colères qui peuvent brusquement cesser, une fois le
don intellectuel reconnu et compris, par exemple en
lui accordant la faveur tellement rare d'un saut de
classe.
Pour
eux comme pour ceux qu'on a indûment qualifiés de
" surdoués " à cause de leur comportement
empreint de bizarreries, un simple examen
psychologique suffit pour déterminer les causes
d'une attitude déviante.
Il
arrive aussi qu'un enfant qui avait été dans son
tout jeune âge une merveille de calme, de sagesse
et de maturité commence à donner tous les signes de
l'agitation la plus désordonnée peu après son
entrée à la Maternelle, entrée à laquelle il
aspirait de tout son être. Non seulement il est un
peu déçu de ne pas encore aborder la connaissance
telle qu'il la conçoit et les moyens d'y accéder,
mais surtout, et pour la première fois de sa vie,
il se surprend en situation d'échec et la
toute-puissante maîtresse le lui fait bien sentir.
Il est alors envahi par une appréhension
insupportable à l'idée qu'il va se révéler
défaillant, décevant, et peut-être irrémédiablement
idiot, lui qui désirait tant goûter aux plaisirs
dispensés par le savoir et en attendait un bonheur
infini. Il croit qu'il va être obligé de renoncer à
ces joies multiples pour s'enfoncer dans un terne
ennui, puisqu'il se montre incapable de réussir les
tâches qu'on lui propose. La pression qu'il
s'impose à ce moment-là est intenable,
insoutenable, si douloureuse que l'enfant dans
l'angoisse ne cesse de s'agiter, comme pour échapper
à cette oppression qui l'écrase : cet enfant
endolori, qui remue en tout
sens sans jamais trouver de repos, offre un
spectacle d'autant plus pénible à contempler qu'on
se souvient encore de sa sagesse admirable. Il est
alors urgent de démonter avec lui le mécanisme qui
l'a conduit à cette situation impossible, de le
dédramatiser, si possible avec l'appui de la
maîtresse, qui ne pouvait se douter des exigences
perfectionnistes de cet élève ni de l'angoisse
mortelle qui l'étouffe, quand il voit les plus sombres
perspectives d'avenir remplacer l'image idéale d'un
enfant progressant joyeusement sur les chemins de
la connaissance.
Cet
aperçu de situations pourtant emblématiques
n'évoque pas le cas le plus fréquent et le plus
délicat à cerner : celui des enfants reconnus comme
doués et qui ont du mal à conserver une bonne
concentration d'esprit.
Cette
difficulté à rester attentif en toute occasion est
d'autant moins reconnue par les parents que ces
enfants sont capables de rester des heures sans
bouger si une activité les passionne. Il en va
ainsi pour les fameux puzzles de mille - ou de
multiples de mille - pièces que certains enfants
d'à peine 2 ans réussissent grâce à une attention
sans égale et dont les parents parlent encore des
années plus tard pour appuyer leurs dires.
Les
maquettes d'autrefois, remplacées par les légos, le tout supplanté par
l'omniprésent ordinateur ont toujours su mobiliser
totalement un enfant, ailleurs qualifié d'agité,
mais qui réussit ici à merveille, preuve
irréfutable de ses qualités d'attention.
En
classe, ces enfants semblent papillonner, ils
comprennent immédiatement toute explication, ils
réussissent quelques exercices, puis ils se
désintéressent du sujet et passent à un autre, tout
différent, pour suivre un processus identique. Ils
ne lisent que les histoires évoquant les sujets qui
les intéressent et deviennent analphabètes face aux
autres livres, ils peuvent écrire sans faute quand
c'est nécessaire mais usent ailleurs d'une
orthographe épouvantable, ils saisissent une règle
en mathématique, mais accumulent les erreurs de
calcul quand il faut l'appliquer dans des
exercices, ils ont compris de quoi il s'agissait,
cela leur suffit, point n'est besoin alors de
s'éterniser sur un sujet qui devient ennuyeux à
force d'être rabâché. Cette approche trop
superficielle ne tarde pas à révéler ses
dangereuses failles : l'élève doué ne s'est pas
constitué une " banque de données mentales
" son seul projet était de comprendre et non
de répondre aux exigences dans un protocole qui lui
paraît extrêmement contraignant et qu'il refuse
comme s'il lui était impossible de s'y soumettre.
(Cette description est inspirée par les méthodes de
Gestion Mentale mises au point par Antoine de la Garanderie, appliquées par
Hélène Catroux). Dans ces conditions, rien n'est
vraiment acquis, tout le savoir est intégré d'une
façon embrouillée qui interdit de retrouver un
élément dans son esprit au moment opportun. On sait
qu'on a rangé quelque chose dans un tiroir, mais il
est impossible de s'y retrouver dans ce fouillis.
Hors de son contexte, qui facilite le mécanisme de
la mémoire et l'émergence d'un souvenir, il devient
trop difficile de retrouver une donnée isolée.
Cette
incapacité à mobiliser son attention durant le
temps nécessaire pour assimiler parfaitement une
donnée nouvelle et pouvoir l'utiliser à tout
moment, même longtemps après qu'elle a été abordée,
fait dire que cet élève distrait est trop agité
pour conserver une efficace concentration d'esprit,
puisqu'il a déjà envie de passer à un autre sujet
et qu'il bavarde, se dissipe et perturbe la classe
studieuse qui applique les règles nouvellement
découvertes dans des exercices un peu fastidieux,
mais destinés à entraîner utilement l'esprit et à
automatiser ce type de réflexion grammaticale,
mathématique, logique, et tout ce qui s'apprend en
classe pour la vie.
Ces
enfants ressemblent à des boulimiques qui ne
peuvent plus s'arrêter d'enfourner de la
nourriture, avec un sentiment d'urgence de plus en
plus contraignant, comme si la nouvelle boîte de
biscuits, tout comme la découverte d'une nouvelle
formule mathématique, allait enfin combler ce désir
insatiable d'amasser, d'accumuler… de plus en plus
vite et d'une façon de plus en plus vorace, qui
rend impossible toute réelle assimilation.
On
pense aussi à ces lecteurs de romans policiers,
incapables de contenir leur curiosité et qui ne
peuvent s'empêcher de sauter à la dernière page
pour éviter un insoutenable suspens.
Comment
faire comprendre à un enfant à l'esprit vif,
vivacité dont ceux qui savent l'apprécier le
complimentent habituellement, qu'il est parfois
obligatoire de se livrer à des exercices
répétitifs, même s'ils lui semblent d'un mortel
ennui. On peut d'ailleurs partager son point de vue
et le comprendre : il est, certes, ennuyeux,
lassant, d'un épouvantable manque d'intérêt de
recommencer, éternellement semble-t-il, des
exercices d'une totale facilité pour celui qui en a
si bien compris le principe et qui ne peut imaginer
qu'il en aura tout oublié quelque temps plus tard.
Par la suite, c'est à cause de son angoisse,
suscitée par la brutale découverte de son
ignorance, qu'il s'agitera, comme pour se donner
une contenance. On parlera alors d'un autre
syndrome, celui de " déficit d'attention "
et tout semblera dit.
En
attendant, on se trouve face à un enfant de 11, 12
ou 13 ans en graves difficultés scolaires, alors
qu'il avait toujours été brillant, bien qu'un peu
agité à cause de l'ennui provoqué par les longues,
et même interminables, explications ressassées par
la maîtresse, soucieuse d'être comprise par toute
la classe.
Pour
éviter cette catastrophe, on peut tenter de lui
expliquer, dès son plus jeune âge, qu'il est
nécessaire de s'imposer une discipline, de la même
manière qu'il y consent pour son sport favori, et
que les exercices sont absolument et impérativement
obligatoires, parce que sa responsabilité commence
déjà à ce moment-là et que son devenir est en jeu.
Il aura du mal à croire que sa facilité, qui lui
semble si naturelle et lui permet de se contenter
d'une écoute distraite des explications, que cette
facilité donc puisse l'abandonner un jour, il
pensera que les règles sont pour les autres, et
qu'il bénéficie d'un régime spécial, puisque
l'école l'ennuie un peu, parce qu'il n'est pas très
scolaire et qu'il a de bonnes raisons pour dire
qu'il ne sert à rien de recommencer dix fois, cent
fois le même exercice, mais un jour arrivera où il
se sentira perdu et le cerveau vide face à une
question que tous les autres sauront résoudre dans
l'instant.
La
notion d'effort est indispensable pour permettre
aux enfants doués de progresser, le plus souvent un
saut de classe leur permet de la découvrir, mais
cet effort doit aussi porter sur l'acceptation de
la contrainte si difficile à s'imposer à soi-même quand
rien n'y oblige encore. Il faut apprendre à
travailler, cette aptitude est encore plus rare
chez les enfants doués qui se sont passés si
longtemps de cette pénible obligation. Fournir un
effort de longue durée oblige à acquérir une plus
grande maîtrise de soi, mais les enfants doués,
longtemps abusés par leur facilité, ignorent ce
type de travail au long cours. Pour eux, tout doit
arriver tout de suite, ici et maintenant, tout
retard ou tout délai leur étant insupportable.
C'est
pourtant à ce seul prix que la réussite est
possible, puisqu'il s'agit des fondations d'un
savoir qu'il faudra utiliser sa vie durant.
L'agitation,
qualifiée, le plus souvent à tort dans le cas des
enfants doués, d'" hyperactivité ", n'est
qu'une toute petite partie des manifestations d'un
caractère impatient et passionné. Elle ne doit pas
être isolée de l'ensemble de la personnalité mais
elle peut être apaisée par des règles de conduite,
dont on expliquera le bien-fondé, plutôt que par
des médicaments. L'ignorer, en pensant qu'elle va
disparaître d'elle-même, ou la subir sans la
combattre parce qu'on la croit inhérente au don
intellectuel, constitue une perte de temps et un
gaspillage de dons.
©
Arielle Adda - Juillet 2000
Mise au point sur l'hyperactivité
de
l'enfant et de l'adolescent
Docteur
Ladislas KISS
Ces
derniers temps la question de l’hyperactivité
normale ou pathologique suscite de nombreuses
prises de positions entre les tenants de la
psychologie, de la neurologie et de l’éducation.
Tout comme le phénomène de la précocité
intellectuelle, il ne s'agit pas d'un trouble
d’apparition récente ni d'un phénomène de mode.
Décrits depuis plus d’un siècle les symptômes de
déficit d’attention et d’agitation ont été
répertoriés et appréhendés sous diverses
terminologies : instabilité psychomotrice, hyperkinésie, trouble de
l'attention avec hyperactivité, hyperactivité avec
trouble de l'attention.
Qu'entend-t-on par hyperactivité ?
L'American
Psychiatric Association
dans sa quatrième classification des troubles
mentaux (DSM-IV) décrit le trouble hyperactif
avec déficit de l'attention (THADA) tandis que
l'OMS dans sa CIM 10 propose des critères diagnostiques
similaires sous la mention trouble hyperkinétique.
2 et 5 %
des enfants en âge scolaire présente une
hyperactivité soit environ 200 000 enfants en
France, ce qui correspond à en moyenne à la
présence statistique d’un enfant hyperactif par
classe dans un rapport de trois ou quatre garçons
pour une fille. La caractéristique des enfants
hyperactifs est qu’ils ont des difficultés précoces
et durables dans trois domaines en proportion
variable sous forme d'hyperactivité, d'impulsivité
et d'inattention, difficultés aucunement en accord
avec leur maturité d’âge.
Pour ce
qui est de l'inattention. L'enfant THADA se laisse
très facilement distraire par n'importe quel
stimulus extérieur et ne peut se concentrer. En
famille, il semble ne jamais écouter, ne peut se concentrer,
est dans la lune, ne peut travailler, passant sans
arrêt d'une activité à une autre sans terminer
celle en cours, perd continuellement ses affaires,
ne retient pas les consignes mêmes les plus
simples. Socialement, l'enfant hyperactif a d’énormes
difficultés à participer à une conversation car il
intègre très mal les préoccupations des autres, les
règles conversationnelles ou celles des jeux
proposés. Enfin à l'école, on se plaint de lui tant
par ses attitudes que des consignes de travail non respectées.
Pour ce
qui est de l'impulsivité. L'enfant répond et réagit
vite, trop vite, sans tenir compte des conséquences
possibles des ses actes
et paroles. Impatient, centré sur lui-même, il a
tendance à harceler sans cesse pour atteindre ses
buts, ce qui le rend souvent très impoli et tend à
le mettre en marge des autres s’il ne se fait
sanctionner de manière répétitive (parents,
professeurs, camarades) jusqu’à parfois devenir un
souffre-douleur.
Pour ce
qui est de l'hyperactivité. L’enfant THADAprésente une activité
motrice excessive pour son âge. Selon son entourage
"il ne peut rester assis ", " il
bouge tout le temps ", " il fait des
bruits incongrus ", " il n'arrête pas de
parler ". Ainsi, à l'école, l'enfant ne peut
rester assis tranquillement, il se lève sans
permission, tripote des objets (crayons, petits
jouets, trombones), se retourne pour parler à ses
camarades de classe, émets des bruits incongrus,
des commentaires à voix haute ou par maladresse
renverse à grand fracas, règles et crayons jusqu’à
tomber à la renverse de sa chaise sur laquelle il
se balance.
La
variabilité de la proportion de ces 3 symptômes,
permet de décrire trois types d'hyperactivité : le
type mixte, le type à inattention prédominante et
le type hyperactivité/impulsivité prédominante.
Chez les filles on retrouve plus souvent la forme à
inattention prédominante qui en fait des élèves
rêveuses, dans la lune, mal organisées.
10 à 90%
des enfants THADA présentent des troubles des
apprentissages ou du comportement assosiés de petite ou grande
intensité. Ainsi, en particulier chez les garçons,
le trouble oppositionnel de l'enfant qui conteste,
refuse, se met en colère, ne se prête pas aux
règles de vie est présent dans la moitié des cas au
THADA. Un quart des enfants hyperactifs sont
anxieux et 10 à 40% dépressifs du fait de leur
sentiment d’échec et de rejet. Les troubles du
sommeil sont fréquents avec difficultés
d'endormissement, coucher tardif, sommeil agité,
réveils nocturnes, fatigue.
Dianostics
différentiels d’ hyperactivité
Beaucoup d’enfants présentent naturellement des
troubles de l'attention ou des comportements
agités. C’est le cas de l'enfant jeune normalement
turbulent qui aime courir, sauter, escalader. Cependant il existe
des hyperactivités motrices secondaires à une autre
pathologie connue somatique, psychiatrique,
neurologique ou dues à un traitement médical
particulier : l'hémiplégie infantile, des lésions
cérébrales (traumatismes, épilepsies) ou des
maladies endocriniennes thyroïdiennes, les
traitements par corticoïdes, psychotropes,
anticonvulsivants, antiallergiques.
L'hyperactivité ou des comportements sociaux
inadaptés peuvent également être la marque de
troubles envahissants du développement autistique
ou du syndrome d'Asperger. Mais, un épuisement, une
dépression, une anxiété, un retard mental ou une
précocité intellectuelle se révèlent parfois
paradoxalement par une agitation.
Comment
faire le diagnostic ?
Le
médecin de famille peut suspecter sa clinique mais
sa confirmation est soumise à compétences d'une
équipe spécialisée hospitalière de pédopsychiatrie
ou de neuropédiatrie. Le
diagnostic est avant tout clinique, il s’appuie
essentiellement sur le recueil de diverses données
collectées auprès de la famille et de l'école de
l'enfant, mais aussi sur l'observation directe de
l'enfant en consultation et son comportement en
salle d'attente. L'examen est complété par une
batterie de tests d’évaluation psychologique,
comportementale (Conners)
et d’efficience intellectuelle. Certains tests sont
plus spécifiques de l'exploration de l'attention -
comme le test de Stroop,
les tests de barrage, le CPT (Continuous
Performance Test) sur ordinateur - ou de
l'évaluation des fonctions exécutives.
Quelles
sont les causes de l’hyperactivité ?
Jusqu’à
ce jour aucune cause n’a pu être spécifiquement
identifiée. On observe pour ce trouble une
intrication de divers facteurs neurobiologiques,
génétiques, psychologiques et éducatifs. Sur le
plan biochimique, la notion d'un dysfonctionnement
dopaminergique et noradrénergique est retenue
depuis de nombreuses années avec l’hypothèse, pour
la dopamine, de l’existence d'une hypoactivité
corticale expliquant les perturbations cognitives
et d'une hyperactivité sous-corticale engendrant
l'hyperactivité motrice. En ce qui concerne la noradrénaline,
on retient l’idée d’une part d’une hypoactivité
corticale rendant compte du déficit de mémoire de
travail et d’autre part d’une hyperactivité
sous-corticale responsable de l'excitabilité.
De
nombreux facteurs environnementaux et pré- et périnataux
ont été répertoriés favorisant l’hyperactivité de
l’enfant :grande
prématurité, hypotrophie néonatale, stress
anténatal, intoxications pendant la grossesse
(tabac, cocaïne, alcool, plomb). Mais des facteurs
relationnels sont aussi en jeu : une dépression
maternelle, des difficultés intrafamiliales,
l'instabilité psychosociale (placement, précarité,
maladie mentale d'un parent). Tous ces facteurs
sont susceptibles de générer ou d’aggraver un THADA
de l’enfant. C'est la raison pour laquelle, on doit
impérativement tenter d’intervenir sur ces
dimensions psychosociales et environnementales
parallèlement au traitement médical.
Comment
traiter ces enfants?
La prise
de traitements médicamenteux à visée psychotrope
s’avère utile dans le traitement de l'enfant
hyperactif mais sa seule prescription est souvent
bien insuffisante. Un bon processus thérapeutique
associe obligatoirement des approches éducatives,
rééducatives, psychothérapiques et familiales.
Ainsi
les psychothérapies cognitivo-comportementales,
en groupe ou individuelles s’attacher à modifier le
comportement de l'enfant et à l’aider dans sa
perception de lui-même. Les psychothérapies psychodynamiques, mises en
œuvre en parallèle, visent à travailler l'histoire
familiale et d'analyser et modifier les conditions
de vie et relationnelles de l'enfant afin de créer
un climat propice à la confiance en soi et au
calme.
En complément les approches orthophoniques ou la
rééducation psychomotrice peuvent contribuer à la
rééducation du trouble attentionnel et à fournir à
l'enfant des stratégies adaptatives plus efficaces
pour faire face à son trouble.
Les
traitements de l’hyperactivité
Les psychostimulants à base de produits
amphétaminiques (méthylphénidate)
représente de nos jours le traitement électif. Ces
produits peuvent être délivrés chez l'enfant de
plus de 6 ans, sans limite supérieure d'âge. La
première prescription est toujours hospitalière,
réservée aux seuls services spécialisés de
psychiatrie, de neurologie et pédiatrie et doit
être effectuée sur une ordonnance sécurisée pour durée maximum d'un an. Dans la
période intermédiaire entre deux prescriptions
hospitalières, les renouvellements, tous les
vingt-huit jours, peuvent être effectués par tout
docteur en médecine : ces renouvellements doivent
être faits sans modification des doses indiquées
par l'ordonnance hospitalière. Il est recommandé
d'interrompre le traitement au moins une fois par
an, de préférence pendant les congés scolaires de
longue durée (vacances d’été) afin d’apprécier la
pertinence de sa poursuite à la rentrée suivante.
Généralement, ce traitement est assez bien toléré.
Les effets indésirables sont peu importants
notamment avec les nouvelles formes galéniques à
libération prolongée. Ainsi irritabilité, troubles
d'endormissement et une diminution de l'appétit
surtout en début de traitement sont souvent bénins
et ne nécessitent pas l'arrêt du traitement.
D’autres effets indésirables sont plus rares :
céphalées, vertiges, douleurs abdominales.
Les
anxiolytiques et sédatifs en complément peuvent
moduler certains troubles notamment de l’anxiété et
du sommeil participant à aggraver le trouble
hyperactif du fait de l’épuisement qu’ils
engendrent.
Conclusion :
« Les
caractéristiques comportementales et cognitives
des enfants hyperactifs sont globalement peu
compatibles avec les exigences scolaires. Le rôle
de l’enseignant est primordial dans la réussite de
l’intégration de l’enfant au sein de la classe et
dans l’accès aux apprentissages. Cela n’est
possible que s’il connaît le trouble et travaille en
collaboration avec les parents et les
soignants » (Le Heuzey)
Bibliographie :
Marie-France
LE HEUZEY : L’enfant hyperactif. Editions
Odile Jacob, 2003.
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Faut-il
consulter un psy ?
par
le Dr Ladislas KISS
Vous
souffrez ? N’en parlez surtout pas à
un psy.
Je me
sens obligé d’apporter quelles précisions
au
contenu de l’article (COURRIER
INTERNATIONAL n° 669, p.
40-41) « » pour étayer la thèse du psychologue
américain George BONANNO sur les méfaits
paradoxaux des psychothérapies et les
bienfaits du refoulement. Cette thèse qui
n’est pas nouvelle est dans la droite
ligne de celle du concept de résilience
tant à la mode et véhiculé par les
mass-médias comme mécanisme de défense
plutôt «efficace» afin de
« digérer »
« rapidement » certains
traumatismes physiques et psychiques .
En
effet, seul le recul malheureusement du
temps permet aux professionnels de
mesurer l'importance de l’impact des traumatismes
et de mieux conceptualiser les éventuels
facteurs pernicieux entretenant les
troubles constatés. Si le plus
souvent, passée une petite période de
stress, tout semble rentrer dans l’ordre
«tranquillement», il est néanmoins
constant d’observer à moyen ou long
terme
(20 à 40 ans après) des troubles
de la structuration de la personnalité
profonds que révèlera la qualité de la
vie relationnelle ultérieure du sujet ou
des réactions disproportionnées face à
des évènements anodins de la vie
quotidienne..
Il
est tout de même important de préciser
que l’intervalle de temps libre entre la
constatation des troubles psychoaffectifs
ou comportementaux et certaines
situations de traumatisme est parfois si
grand qu’il est souvent très difficile
d’établir et d’affirmer ou d'infirmer un
lien de cause à effet. Pour plus
d’information, nous invitons le lecteur à
se renseigner précisément sur les récents
travaux statistiques (von
Boch-Galhau)
faisant état de fortes corrélations entre
l’observation de troubles
psychopathologiques et des situations de
traumatismes difficilement vécues dans
leur réalité ou leur subjectivité.
Plus
que des guerres d’opinions ou de
pouvoirs, entre notamment sociologues,
psychologues, psychiatres et
psychothérapeutes, nous souhaiterions
ardemment un vrai dialogue et de sérieux
travaux synergiques entre scientifiques
et praticiens. Ils arriveraient très
certainement à dégager des constantes pathologisantes ou
favorables qui nous permettraient de
mieux poser objectivement les limites à
ne pas dépasser en infirmant ou
confirmant
l’adoption de certaines positions
dans nos discours, attitudes ou
comportements au cours de la prise en
charge des victimes de traumatismes.
En
effet, quel penseur, psychothérapeute ou
sociologue pourrait encore aujourd’hui
affirmer que les violences tant réelles
que subjectives ne laissent pas de traces
?
Peut-être
quelques adaptes ayant mal compris Boris Cyrulnik qui nous
servent à qui mieux mieux la tarte à la
crème de la résilience avec
son «tricotage» que tout un chacun
s’empresse de récupérer comme bon lui
semble afin de pouvoir continuer à se
voiler la face sur soi-même ou son
entourage sans trop se poser de questions
dérangeantes. Ce concept, trop médiatisé,
est selon nous doublement pernicieux du
fait d’un risque surajouté de
récupération par certains décideurs
(politiques, sociologues ou
psychothérapeutes bien en vue) qui
tenteraient de justifier un laisser-faire
au nom d’un «droit à la différence»
socio-éducative ou d’un devoir
de «non-ingérence» dans la vie
privée des personnes et des familles.
Serge Tisseron
parle même dans certains cas de « monstres
dormants ,
adaptés et généreux, tapis
au creux de personnalités
meurtries…jusqu’à ce que des circonstances
exceptionnelles les révèlent ».
Quant à
nous, nous préférons des études plus
objectives sur des bases épidémiologiques
sérieuses de longue haleine menées de
concert par des équipes
interdisciplinaires encadrées par un
esprit critique d’analyse de données
comme le fait très bien Jean Cottraux dans son
domaine. En effet comme l’a dit
pertinemment Jean-Claude Lavie : «nous
vivons entourés par des ensembles
conceptuels de toutes sortes, qui
naissent, se maintiennent, s’épanouissent
et exercent, à notre insu, leur totale
emprise sur nous» avec le risque de nous
trouver en fin de compte devant
notre «perplexité à décider si la
tolérance doit tolérer l’intolérance.»
Espérons que les 150 000 dollars
de la National Science Foundation versé
aux recherches de George BONANNO lui
permettront d’observer sur au moins 40
ans les victimes du 11 septembre pour
éviter de lui faire dire n’importe quoi
sur le court terme. A moins que cet
argent soit un jour versé à des
chercheurs capables d'étudier profondément
le devenir des enfants intellectuellement
précoces en s'appuyant sur les colossales
données collectées depuis des décennies
par les ministères de la défense et de
l'éducation nationale sur l'ensemble de
la population française via leurs tests
d'évaluation. Un beau défi à relever qui
permettrait d'appuyer encore mieux toutes
les actions nécessaires auprès des
enfants, parents, enseignants
, psy et chercheurs pédagogues.
Docteur
Ladislas KISS
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