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Table des matières

 

o    Les troubles de l'écriture chez l'enfant, l'adolescent

par Josiane DELORME, Graphothérapeute            

o    L'adolescent par le Dr Valérie FOUSSIER,  

o    L'adolescence par Huguette PIRONET, Psychologue  

o    Le sens de l'effort , par Arielle ADDA, psychologue  

o    Quand l'enfant doué est qualifié d'agité, par Arielle ADDA, psychologue

o    Mise au point sur l'hyperactivité de l'enfant et l'adolescent, par le Dr Ladislas KISS

o    Faut-il consulter un psy ? par le Dr Ladislas KISS, psychiatre


 

 

Les troubles de l'écriture chez l'enfant, l'adolescent

par Josiane DELORME

 

Par  Josiane Delorme - Graphothérapeute Approche Plurielle,   Expert en écritures manuscrites, créatrice du concept Approche Plurielle et du centre de formation agréé .Formatrice de Graphothérapeutes  , Présidente du G E G A P (Groupement européen des Graphothérapeutes Approche Plurielle) (GAP). Auteur de «  Les troubles de l’écriture chez l’enfant ».

En préambule il faut savoir que

ü     Les souffrances des enfants dans leur problématique de relation à l’écrit, la trace : les dyslexiques, dysorthographiques, hyper actifs et tous les dys…. et/dont les précoces, non prises en considération peuvent les entraîner jusqu’à l’échec scolaire avec des manifestations psychologiques lourdes de conséquences pour leur avenir et devenir un véritable parcours du combattant pour l’enfant et la famille.

ü     Qu’  une relation à l’écrit fragile et ses résultats : «  vilaine écriture «, lenteur, l’illisibilité,  refus de production dès la maternelle dans les apprentissages, sont les  signes apparents d’un symptôme, mais pas simplement un résultat en  non-conformité au modèle enseigné ou à un non vouloir de l’enfant.

ü     que cette problématique concerne des enfants, très souvent intelligents, avec un potentiel qui ne peut s’exprimer dans le cadre conventionnel de l’éducation nationale, par l’écriture manuscrite. Ces enfants, estimés à ce jour à environ 5 à 10 % qui  ne trouvent pas de «  place » dans cette normalité.

ü     Majoritairement les garçons sont concernés à 90%:   

Définition des troubles :

Si l’enfant, adolescent présente ou a présenté un ou plusieurs de ces signes et se trouve encore en difficulté :

Pour les petits : Bien avant l’entrée en maternelle à la maison ou dès la Petite Section

à        Collages, coloriages, découpages laborieux ou refus, évitement des activités graphiques, maladresse, non participation, brouillon. la phobie de l’école peut déjà s’installer

Plus tard, du CP au collège,  mêmes symptômes mais en plus

à         Attitude de refus ou d’évitement à l’écrit, à la production     

à        Lenteur à se mettre à l’écrit, rêvasse,

à        Devoirs non terminés

à        Souffrance d’ordre physique : crampes, douleurs au poignet, doigts, transpiration

à        Souffrance d’ordre psychologique : sentiment de culpabilité, anxiété, dépression,

à        démotivation, attitude perturbante ou isolement, se sent «  nul »

à        Il écrit vite, mais illisible

à        Il est intelligent mais les apprentissages sont difficiles,

à        Son expression orale est remarquable

à        On le dit rêveur, agité,  …etc. etc.

Il est grand temps de réagir

Car, derrière, ou sous, ce qui est visible que l’on appelle dysgraphie, dysgraphie qui devient le symptôme, le signal d’alarme se cache toujours une autre  problématique, celle qu’il faut chercher, trouver.

v     Il faut, sous peine d’une analyse erronée, donc de rééducation inadaptée, savoir distinguer :

Les  dysgraphies sont les symptômes apparents

L’écriture n’est pas belle Peu de soin, mise en page incorrecte, ratures nombreuses

Mais résultats scolaires en accord avec l’âge globalement.

De la difficulté de relation à l’écrit, relation négative à la trace est une conséquence des symptômes

Lenteur au «  démarrage, Évitements des travaux, Refus de production, Rendu de la page blanche, Démotivation,  Phobie de l’école …..Comportement ou perturbant ou inhibé

Les  périodes sensibles d’apparition des symptômes à l’école

Les symptômes peuvent apparaître à des périodes très différentes, disparaître et réapparaître. Chaque enfant est unique, les réactions sont multiples, variables en fonction des évènements extérieurs, de leur perception, de  mots et remarques  «  destructeurs » qui laisseront trace à vie, s’il n’y a pas reconnaissance de sa souffrance, un accompagnement spécifique, et pluriel, tant pour l’enfant que pour les parents.

Toutefois et généralement dès la petite enfance, en maternelle     

Petite section

Dès les premiers jours : il aime ou n’aime pas la maîtresse il commence dès cette première année à «  rechigner » sur les activités graphiques,  où il doit laisser sa trace. Situation d’évitement des apprentissages. Il ne parle pas de ce qu’il fait. Il pleure régulièrement pour aller à l’école,   n’a pas d’ami, en récréation il est, ou très agressif, ou isolé, peut être le souffre douleur des autres enfants. Tout excès, durable, est un signe à prendre en considération.

En grande section,

Rien n’a changé, et de plus tenir un crayon lui est difficile, douloureux, vous le sentez souffrant,  réticent,  même opposant. Refusant en classe, à l’extrême, de respecter les consignes.  

Son comportement peut être soit : dissipé, dérangeant pour la classe, ou à         l’inverse il se complait dans son coin, à la récréation souvent seul, n’intègre pas le groupe. Se fait-il inviter aux anniversaires ?

Il est «  sage », il ne dérange pas, on ne l’entend pas, donc «  tout va bien ». Non !   s’il mentionne que ce qu’il fait n’est pas beau, qu’il est nul. (c’est son sentiment, sa perception) alors  ne pas laisser cette situation perdurer, mais cela peut simplement être un passage délicat.

L’entrée au CP  

Tout peut s’arranger. L’intérêt de la nouveauté,  si elle correspond à ce qu’il espère, l’enfant va trouver » nourriture » et réponses à ses attentes.  

Ou bien à l’inverse il peut y avoir mal être. Du mal au ventre, sommeil perturbé, hyper activité motrice jusqu’à la phobie de l’école. S’il y a persistance des symptômes précédents ou si les symptômes se révèlent à cette période il est plus que temps de réagir, c'est-à-dire consulter. Il vaut mieux prévenir que guérir.

Garder toujours à l’esprit que le non écrit est le symptôme le plus « visible ».

En CM1, CM2

Continuons avec la mise en évidence des périodes sensibles où les symptômes peuvent se révéler. L’appréhension des parents pour le passage en 6°. Trop de pression mène souvent à une baisse de résultats, fatigue, tension. Il y a accumulation de stress chez les uns et les autres, ce qui est largement suffisant pour altérer l’écriture qui devient le symptôme révélateur de la difficulté de l’enfant. SI cette difficulté persiste après le premier trimestre il faut consulter afin de comprendre son mal être. Le bilan graphomoteur est l’outil révélateur par excellence.

Entrée en 6°

Inadaptation à un nouveau rythme, l’enfant se trouve submergé par des exigences qu’il ne peut quelquefois pas assumer. «  Tu es grand maintenant !« Non un enfant à 10 ou 11 ans ne devient pas mature et autonome parce qu’il est en 6°. Nous pouvons émettre l’hypothèse inverse, sans faire d’erreur d’appréciation qu’il a plus que jamais besoin de soutien et d’accompagnement. Pas tous, bien sûr…..mais le passage à l’écrit pour d’autres devient problématique : manque de temps pour noter les devoirs, cahier de texte qui devient un «  fourre-tout » mais où rien n’est indiqué. Sa belle écriture du primaire devient illisible, il ne suit plus les lignes, il devient irritable et vous aussi… » Début de la culpabilité de l’enfant qui sauf exception «  ne le fait pas exprès ». Bâillements, rébellion, page arrachée, exaspération et lendemain enfant « pâlichon »

Les enfants précoces, à haut potentiel et l’écrit

Une des spécificités de certains enfants précoces est d’avoir une relation tout à fait particulière à la trace. Non, ce n’est pas systématique, mais nous savons qu’environ un tiers de ceux-ci, des garçons majoritairement, développe dès leur plus jeune âge cette gênante dissemblance. Le test psychométrique ou test de QI nous révèle des informations précieuses quant aux motifs de cette « anomalie » par rapport à leur potentiel verbal noté « supérieur ou très supérieur «. Là encore, abstenons nous de procéder par généralité. Chaque précoce est unique, nous retrouvons des tendances, des débuts d’explication. Oui, c’est difficile à croire et parfois jugé comme inconcevable, les enfants précoces peuvent être en échec scolaire et avoir une relation très handicapante à l’écriture, car s’ajoute la plupart du temps un ou deux autres troubles des apprentissages. Nous allons donc rencontrer la plupart des symptômes cités ci avant, ce qui va vous interpeler.

Qui peut  déceler ces symptômes ?

L’enseignant Une concertation tranquille, ouverte, entre  enseignants, médecin scolaire, psychologue scolaire,  et les parents  devrait aboutir à une orientation vers le choix d’un thérapeute. Bien évidemment il est nécessaire en amont de cerner les symptômes, avoir la connaissance des informations, d’où la nécessité pour l’enseignant d’être informé et formé au dépistage des différents troubles d’apprentissages ce qui lui permet d’orienter les parents vers le spécialiste concerné et éviter ainsi une perte de temps pour tous    

L’orthophoniste   C’est un rééducateur spécialisé qui est chargé de la correction des troubles affectant : perturbation d’acquisition liée à un déficit sensoriel ou neurologique, dyslexie, dysorthographie, aphasie, etc.) la voix, l’articulation, le langage oral et écrit (bégaiement, zozotement, retard dans l’acquisition du langage oral,

le psychomotricien

Le rôle du psychomotricien consiste à redonner à ses patients un équilibre psychique, tout en privilégiant l’approche corporelle

le Graphothérapeute Approche Plurielle ( GAP)

·         c’est entrer dans une dynamique de recherche de compréhension de la problématique de l’enfant

·         par une   approche globale de celui-ci, par des tests spécifiques qui permettent d’orienter ensuite vers le spécialiste.

·         pour aboutir à un plan d’action.

Cette recherche  passe également par différentes démarches  auprès des acteurs extérieurs à l’école : orthophonistes, psychomotricien, psychologue….permettant ainsi une analyse la plus complète possible du parcours, de l’histoire de l’enfant.

Ensuite, riche de toutes ces informations le plan d’aide va pouvoir être proposé : rééducation de base du graphisme si nécessaire, contact avec le corps enseignant, mise en place d’une équipe éducative ou autre forme de soutien si cela s’avère fondamental.

L’orthoptiste et optométricien

 Outre le dépistage des troubles visuels (troubles de la vision monoculaire et binoculaire, strabisme, déséquilibres oculomoteurs), qui agissent directement sur l’écriture, la lecture.

  les conditions nécessaires à la réussite du projet d’accompagnement de l’enfant

1.                                                                                                                                                               prise de conscience par tous que l’enfant à besoin d’aide.   

2.                                                                                                                                                               Mise en place du plan d’aide à l’école Equipe éducative qui est la deuxième étape

3.                                                                                                                                                               Mise en place d’un accompagnement au cabinet

4.                                                                                                                                                               Mise en place d’un programme à la maison   

5.                                                                                                                                                               Suivi de l’ application du plan proposé à l’école             

6.                                                                                                                                                               Et continuité de la synergie

  

 

 


 

L’adolescent

par Valérie FOUSSIER

Chers parents, comment savez vous que votre enfant devient ado ? Et bien quand vous voyez pointer le bout de son nez à midi et qu’il vous dit : «  mais il n’y a plus rien à manger ici dans cette maison. Et que vous rétorquez un peu agacés, mais le frigo est plein de légumes, de fruits, de fromage, peut être pas de ce que tu aimes mais il n’est pas vide. Je vous suggère fortement de l’inviter à faire les courses avec vous.

Pour le rendre autonome

Rendre l’enfant autonome le plus tôt possible et au maximum à l’adolescence pour  lui offrir une bonne qualité de vie et non le faire grandir trop tôt, l’autonomiser n’est pas synonyme de lui faire faire tout tout seul. C’est l’accompagner dans ses faits et gestes avec le retrait de l’adulte quand l’enfant le clame, la présence d’un adulte quand l’enfant la réclame. Bien sût le plus difficile dans l’autonomie de l’enfant est de décrypter quand l’enfant a besoin du retrait et quand l’enfant a besoin de la présence. C’est un jeu non verbal très subtil.

Un petit truc : quand l’enfant est fatigué, qu’il est stressé, soyez présents même s’il vous refuse. Quand l’enfant est fermement décidé à faire, surtout allez dans son sens

Difficulté de l’adolescence

Il est capital de garder le contact dans la tempête et d’attendre l’accalmie avec la plus grande patience

L’épauler. Parents, n’hésitez pas à mettre la main à la pâte et revêtir le rôle de flic quand il sort des clous. Votre ado n’ose pas vous le demander alors il vous provoque, c’est plus facile pour lui. Il vous remerciera plus tard malgré sa violence verbale à votre égard.

L’aider à assumer un éventuel retard pubertaire très difficile à vivre surtout chez le garçon

Attention à la dépression

L’adolescence comme la vieillesse sont deux périodes de la vie propice à la dépression. Le risque de dépression estimé à 5% chez un adolescent (1% chez un enfant), peut être volontiers masquée chez l’adolescent. C’est une souffrance à part entière qu’il faut prendre en charge et non un passage obligatoire vers la maturité. Comment faire la différence entre une crise d’ado banale et une dépression à prendre en considération.

Il y a des signes de mal être qui doivent alerter :

Trouble du sommeil. L’insomnie est souvent le premier signe. Un ado fatigué qui se plaint de ne pas pouvoir se lever pour aller au lycée doit être aidé.

Chute des résultats scolaires. Attention ce n’est pas toujours un effondrement, un excellent élève en pleine forme peut devenir un bon élève déprimé.

Absentéisme. Quand vous recevez une lettre du principal du collège signifiant les nombreuses absences de votre ado alerte maximale

Repli sur soi. Quand un ado refuse d’aller à une fête organisée par son meilleur copain, soyez vigilant demandez lui pourquoi.

Rejet par un groupe de copain. Les ados vont plus facilement vers ceux qui ont la pêche. Le rejet peut être un signe du comportement triste de votre ado. Entamez la discussion pour connaître les raisons du rejet

Crises de larmes fréquentes dans sa chambre sans raison apparente, surtout quand vous les surprenez dans leur solitude. Non ce n’est pas normal de pleurer parce que vous avez refusé de l’emmener en voiture à son cours d’équitation et que vous lui avez expliqué pourquoi. Vous découvrirez une tout autre raison à ses pleurs si vous prenez le temps de l’écouter.

Ado bouc émissaire. L’humiliation des professeurs génère des blessures d’amour propre amplifiées à l’extrême. N’hésitez surtout pas à rencontrer les professeurs et le chef d’établissement

Rupture sentimentale. Attention certains ados n’arrivent pas toujours à se relever après une déception sentimentale

Abus d’alcool et de drogue. C’est en soi une conduite suicidaire.

Violence. Un ado qui ne faisait pas de mal à une mouche et qui vous rapporte s’être battu au poing pour un motif futile doit vous mettre aux aguets. Discutez avec votre ado et demandez lui les raisons de son acte.

Contexte de vie difficile ou modification du contexte de vie : parents séparés, parent malade, parent au chômage, parent alcoolique, déménagement.

Les mauvaises raisons de s’inquiéter :

Quand vous êtes l’objet d’un passage à tabac oral sur vos préjugés, principes philosophiques et éducatifs.

Quand les portes claquent, à la moindre opposition avec vous.

Quand un ado s’enferme à double tour dans sa chambre, la salle de bain ou déguerpit chez un copain sans que n’ayez le temps de dire ouf parce que vous lui avez confisqué son joujou préféré, l’ordinateur, considérant qu’il y reste un temps supérieur à votre tolérance.

Quand un ado arrive systématiquement en retard pour les repas familiaux. C’est sa façon de se faire remarquer

Quand il préfère « chater » sur MSN  ou Skype plutôt que de discuter en famille

Quand un ado s’enferme 2 heures dans la salle de bain, même si cela vous exaspère et vous met en retard.

Mieux vaut s’alarmer pour rien que de passer à côté d’une dépression masquée

Comment convaincre un ado de consulter

Même si le dialogue entre parents et ado déprimé est aisé, il est vivement conseiller de faire intervenir un thérapeute car ce qu’il a à dire est trop intime. Et par définition, un ado déprimé refuse de consulter. Convaincre un ado déprimé d’aller voir un psy demande un travail de préparation pour lui faire voir et admettre sa souffrance. Ici le rôle du père est fondamental. Son inquiétude face à l’état de souffrance de son ado peut suffire à le convaincre. N’oubliez pas que l’ado fait souvent des bêtises pour simplement attirer l’attention du père. N’oubliez pas non plus votre autorité parentale en imposant la visite chez un thérapeute sans leur laisser le choix de dire non ou bien de discuter. Cela évitera à votre ado en déperdition énergétique de s’épuiser davantage dans l’opposition et vous le rassurerez immédiatement sur ses doutes d’être laissé pour compte, mal aimé et toute la panoplie de dévalorisation de mésestime de lui qui va avec. Si malgré votre fermeté l’ado refuse encore, alors signifiez lui que vous allez aller consulter à sa place pour parler de son état.

Où aller ? Consulter votre médecin de famille. Dérangez votre diabétologue surchargé de patients. Dirigez vous selon le degré d’urgence vers un psychiatre à l’hôpital, en privé dans un centre CMP (consultation médico psychologique) ou CMPP (centre médico psycho pédagogique). Les adresses sont disponibles dans les mairies ou les hôpitaux.

Les thérapies comportementales et cognitives ont fait leurs preuves surtout quand l’ado souffre d’une mésestime de lui. Les techniques d’affirmation de soi sont efficaces. C’est une approche qui consiste à modifier une conduite inappropriée sur les idées qu’une personne se fait à propos d’elle-même, de son passé, de son présent et de son avenir. Les comportements négatifs, sont transformés en comportements positifs. Cela permet souvent de renforcer l’estime de soi.

Mais il n’est pas rare de devoir avoir recours à des médicaments. Etre déprimé ce n’est pas être fou, c’est simplement avoir trop à porter sur ses épaules en même temps. Même Hercule ne pourrait pas déplacer une montagne. Quand c’est trop lourd, tout le monde croule. Mais c’est le poids du fardeau qui change d’un individu à l’autre et la tolérance à la surcharge.

Patienter  pour voir le chaos de l’adolescence s’enfuir

Particularité de l’obésité de l’enfant et de l’ado

1 enfant sur 5 souffre d’obésité infantile soit 17,8 % des enfants en France

Souvent constituée lors de la puberté, période où le désordre alimentaire est bien connue où le temps passé devant l’ordinateur est important, et où il existe une diminution de l’activité physique.

Enfants seuls ou livrés à eux mêmes : principale difficulté dans la prise en charge car pas de contrôle, refuge dans la nourriture avec souvent ENNUI , consommation de plat tout fait du commerce

Intérêt du sport. Favoriser les sports où il n’y a pas à porter le corps comme le vélo et la natation. Inciter les enfants les moins sportifs à fréquenter les salles de sport

Petits trucs pour enfant et ado à apprendre aux parents

Réseau d’aide aux enfants en surpoids à travers la France : RéPPOP  (réseaux pour la prévention et la prise en charge de l’obésité. www.repop.fr ou www.repopgl.org

Prendre sons temps pour manger

Il faut manger ce dont on a besoin ni plus ni moins

Eveiller la curiosité des enfants pour leur faire aimer les légumes

Pratiquer une activité physique de 30 minutes à 1 heure. Limiter le temps passé devant la télévision et l’ordinateur.

Respecter un rythme de 4 repas par jour

Prendre du plaisir à manger

Faire un carnet alimentaire : ingestion et émotion

Jours/heure

Lieu

Avec qui

Constitution du repas

Avec boisson

Faim avant les repas

(note 1-10)

Satiété après les repas

(note 1-10

Etat émotionnel avant et après les repas

 

Petit déjeuner

 

 

 

 

 

Matinée

 

 

 

 

Déjeuner

 

 

 

 

 

Goûter

 

 

 

 

Dîner

 

 

 

 

 

Soirée

 

 

 

Apprendre à équilibrer ses repas même à la cantine : apport conseillé de 1400 kcal pour un enfant

o Crudités

o Viande ou poisson ou œuf : 1 à 2 fois par jour (10g / année d’âge et par jour

o Légumes variés

o Féculents dont le pain à chaque repas selon l’appétit

o Laitages : 3 à 4 par jour éviter les produits sucrés tout fait

o Fruit à chaque repas

o Peu de matière grasse, limiter la consommation de sucre de graisse et de sel

o Eau

Apprendre à analyser l’apport alimentaire

Comment j’aime manger : salé, sucré, aliments frits…..

Où je mange : fast food, amis…..

Existe-t-il des grignotages ? Chasse au grignotage

Combien de repas par jour ? 3 ou 4 repas c’est l’idéal

Diminuer ma consommation de sucre, charcuterie, pâtisserie, viennoiserie, sauces, fromage, boissons sucrées

Privilégier les cuissons vapeur, privilégier les viandes peu grasses, les légumes

Eviter les laitages sucrés tout faits

Pas de substitut chez l’enfant, éviter les édulcorants

Lors des fringales : prendre un fruit et un laitage, s’occuper, sortir faire un tour dehors téléphoner à un copain ou une copine

Accroître l’activité physique: monter les escaliers, éviter la télé et l’ordinateur, préférer les sorties en vélo

Au restaurant  savoir faire une addition et ne pas dépasser 500 kcals par repas

o une food : hamburger simple sans frites et sans coca

o Pizzeria : peu de viande et peu de fromage ou en laisser la moitié

o Italien : pâtes avec sauce à base de tomates : en laisser

o Chinois : aliments cuits à la vapeur

o Grec : kebab sans frites

o 1 assiette de frites = 550 kcal

o 1 croque monsieur = 290 kcal

o 1 panini = 450 kcal

o 1 petit paquet de chips 230 kcal

o 1 pain au chocolat, 1 brioche = 280 kcal

o 1 croissant = 185 kcal

o 1 crêpe nature = 40 kcal

o 1 gaufre = 330 kcal

Certains aliments font –ils maigrir ? Non

Faut il acheter des produits diététiques pour maigrir ? Non

Les compléments vitaminiques sont ils nécessaires ? Non

Est-il  nécessaire de calculer les calories ? Oui à la journée et de façon simple sans balance pour satisfaire les plaisirs : exemple régime à 1400 kcal/j pour les enfants non pubères, pour les ados, entre 1800 et 2000 kcal selon l’activité physique

Modification des habitudes en douceur

Choix d’objectifs raisonnables, en accord avec l’enfant ou l’ado et les parents : premier pas vers la réussite

Choisir le bon moment : quand c’est pas l’heure, c’est pas l’heure !

Stabilisation du poids chez l’enfant (équivalent à une perte de poids car tout enfant avec le temps prends du poids). Meilleur moyen pour ne pas bloquer la croissance

Période de stabilisation très importante

Des sites intéressants pour les 11-14ans et les 15-20 ans : mieux vivre dans son corps et dans ma tête avec des ateliers santé en groupe ou des entretiens individuels www.cg94.fr/nutrition. 01 56 72 70 24
Apprendre à décrypter sa faim, ses envies de manger et ses émotions.

Manger mieux

Bouger plus

Défi/motivation

Extraits du livre "Coaching Diabète" de Valérie Foussier aux éditions Josette LYON

  

 


 

L'adolescence

par Huguette PIRONET

Ecrire sur l’adolescence, quel défi ! Il y a tant à dire ! Il suffit de regarder la quantité d’ouvrages consacrés à ce sujet… Très modestement, ce texte est le résultat de mon expérience, de mes lectures, il doit être pris comme tel, juste quelques éléments de réflexion pour tenter d’éclairer le chemin des parents, parfois si difficile avec des adolescents…

Sur l’adolescence des précoces, il y a moins de livres. Mais, à priori, il n’y a pas de raisons pour que leur adolescence soit vraiment différente de celle des autres.

La précocité accentue toutes les caractéristiques, cela peut donc intensifier les problèmes, mais pas les créer.

Et puis souvent, comme me le disent beaucoup de parents, ils ont déjà un grand entraînement : les enfants précoces l’étant, précisément, précoces, ils donnent très tôt à leurs parents l’habitude des discussions, des argumentations…

Il faut bien dire que l’adolescence est une notion assez récente. Dans les siècles « anciens », qui avait le temps de vivre l’adolescence ? On travaillait très jeune, on se mariait très jeune, et on mourrait jeune.

Lorsqu’il existait quelque chose de l’ordre de l’adolescence, c’était constitué essentiellement de rites – rites de passage, entrée en apprentissage, séjour comme page dans le château du seigneur, etc. Tout cela était codifié, et bien clair.

Et puis, on ne s’occupait pas de psychologie. Il fallait vivre, voire survivre, d’abord.

Même encore récemment, avant et juste après la dernière guerre mondiale… Ce qu’Alice Miller a appelé la « pédagogie noire » ne laissait guère de place à l’adolescence. Il s’agissait de « dresser » les enfants, d’en extirper ce qui était forcément mauvais, pour en faire des êtres dociles et respectueux de l’ordre établi. Le châtiment, c’était « pour ton bien »

A présent, on respecte les enfants et les adolescents, on a compris l’importance de la personne, et les dégâts que pouvait causer ce dressage parfois inhumain.

On est passé d’un mode parental dictatorial, à un mode démocratique. C’est bien mieux, mais c’est bien plus difficile !

D’autant que les parents se trouvent face à une exigence de réussite extrêmement forte, partout – surtout sur le plan scolaire – et que, en même temps, le souhait de tous est une relation harmonieuse – comme dans les publicités !

Tout cela crée une pression très forte, et les parents ne s’y retrouvent plus !

Quelques principes de base, valables pour tous les adolescents, peuvent aider :

·         Les parents sont responsables de leurs enfants, comme tels, ils ont un rôle d’autorité qui doit être indiscutable – même s’il est discuté parfois ! Pourquoi ? Parce que, si  les petits animaux sont très vite autonomes, les humains, eux, ont besoin d’un certain nombre d’années pour le devenir. Un bébé, un enfant livré à lui-même, est en réel danger de mort. Les parents ont été crées pour éviter cela. Donc, il y a des décisions qu’ils sont seuls à pouvoir prendre.

·         Une démocratie respecte la liberté de tous, certes, mais avec des lois. Important donc d’établir une « charte de vie » commune à tous, qui peut être affichée, et que tout le monde respecte. Quelques lois, sur ce qui vous paraît essentiel, il ne s’agit pas d’écrire un code civil !

Lois sur les domaines essentiels de la vie : nourriture, sommeil, hygiène, scolarité, respect du territoire et des autres.

Sur ces points les parents doivent se mettre d’accord. Le reste, cela se fait au coup par coup, comme on peut.

·         Les sanctions font évidemment partie de cette « démocratie ». Utiliser les punitions « positives » marche souvent mieux : réparer, faire un travail d’intérêt commun… Ou la conséquence des actes, très efficace quand cela est possible : le linge non mis dans le panier spécial n’est pas lavé, tant pis si le jean préféré n’est pas prêt au bon moment…

Et bien penser à appliquer une sanction, pas une « vengeance ». Parfois, les adolescents sont si difficiles qu’on voudrait aller plus loin, ce qui sera forcément perçu comme une injustice, et ira à l’encontre du but poursuivi…

·         Pratiquer ce que Dodson a appelé le conseil de famille. Pour rédiger ces lois, on peut d’ailleurs déjà l’utiliser.

Il s’agit de se réunir tous, pour discuter du sujet qui pose problème. Toutes les solutions sont écoutées, tous les avis pris en compte ; on n’a pas le droit de se moquer, ni de fermer une proposition sans l’avoir étudiée ; chacun assume, à tour de rôle, la fonction de secrétaire de réunion ; si aucune solution n’est retenue à la fin du conseil, chacun y réfléchit, jusqu’au prochain conseil.

·         Les contrats marchent bien avec les adolescents. C’est du « donnant-donnant ». Beaucoup parlent de « chantage ». Ce n’en est pas. Dans un chantage, il y a menace et danger des deux côtés. Là, il s’agit de « si… alors » : dans un cas on a quelque chose de positif, dans l’autre, on n’a rien…  C’est quand même différent…

Qu’est-ce que l’adolescence, actuellement ? Le passage entre l’enfance et l’âge adulte : l’adolescent n’est plus un enfant – mais il en a toujours la nostalgie, tout en la refusant ; il n’est pas encore un adulte – il le souhaite, mais en a peur, et il doute de ses capacités. Cette description explique bien une des caractéristiques de l’adolescence : l’ambivalence. L’adolescent veut et ne veut pas la même chose…

Exemple typique : vous vous occupez d’eux « oui, bien sûr on ne me fait jamais confiance, on est toujours sur mon dos.. » et vous laissez faire : « oui, bien sûr tu t’en fiches, tu n’en as rien à foutre de moi »… ! Donc, parents, sachez-le, quoi que vous fassiez, ils trouveront à redire, puisque c’est de leur âge. Alors faites selon votre cœur, et vos idées. Car ce qu’ils disent en surface, n’a parfois aucun rapport avec ce qu’ils pensent au fond…

Ces quelques techniques sont valables dans pratiquement tous les cas.

Mais

D’abord, il faut que vous, parents, vous les façonniez à votre mesure, à votre style. Par exemple, pour certains parents, rester à table est très important, pour d’autres, pas du tout. Inutile de lutter pour quelque chose qui n’est pas essentiel, il y a suffisamment d’occasions de conflit sans en rajouter ! Il n’y a pas une manière d’élever des enfants.

Bien sûr, il y a de grands principes, le respect, l’amour, l’écoute et des limites. Mais la manière d’appliquer cela peut être très variée, et c’est ce qui fait la richesse des familles.  

Ensuite, avec des adolescents intellectuellement précoces, ces techniques demandent une rigueur toute particulière. Si vous dites « si tu as des bonnes notes, tu auras... » vous ouvrez la porte à toutes les argumentations : « mais, c’est une bonne note, dans la classe, pour ce professeur, par rapport aux autres, par rapport à celle d’avant… etc. » Donc, précisez quelle note !

Car n’oubliez pas que, dans cette habitude de l’argumentation du précoce, il y a, aussi – et parfois surtout - le goût de la didactique, le plaisir de trouver un autre argument – bref, un plaisir purement intellectuel, qui n’a parfois rien à voir avec le sujet de la discussion !

Enfin, n’oubliez pas que l’éducation est un travail long, ingrat, où il faut beaucoup répéter. Que les crises, les conflits, comme le « cafard » et le doute, font partie de la panoplie adolescente. Les adolescents font beaucoup de bruit, c’est leur manière de « grandir » et de trouver leur place. Certes il faut leur mettre des limites, c’est même indispensable. Mais le fait qu’ils luttent contre ces limites veut souvent dire qu’ils les testent, qu’ils en vérifient la solidité, parce que cela les rassure, profondément. Quand on est insécurisé, c’est tellement rassurant de sentir que ses parents tiennent – la barre, le coup, comme vous voulez…

Maintenant, il peut que cela se passe plus mal, trop mal. Quand faut-il consulter ?

Quand un adolescent a un comportement « négatif », inhabituel, qui dure plus d’une à deux semaines (cela dépend de la gravité), et qui le pénalise (ne veut plus voir personne, par exemple), alors il faut consulter.

Vous pouvez bien sûr toujours consulter pour vous faire aider, mais si la situation que je viens de décrire se produit, il faut consulter.

Pour conclure, je voudrais dire aux parents de se faire confiance. Parfois, même, il ne faut pas écouter les avis « autorisés » des spécialistes (même les miens !), et se fier à ses sentiments.

Je vous conseille donc deux livres, bien plus complets que tout ce que je viens d’écrire, lisez, et faites selon votre cœur !

« Aimer sans tout permettre »  Dodson   Ed. Marabout

« Mon ado me rend fou ! »  Michael J. Bradley  Ed de l’Homme

Et pour comprendre la « pédagogie noire » : « C’est pour ton bien » Alice Miller  Ed. Aubier

 

 


 


Le sens de l'effort

Arielle Adda

 

Nous allons envisager la situation particulière de l’enfant doué au moment où ses dons peuvent se transformer en pièges parfois imparables semble-t-il.

 

Comment aborde-t-il la période de l’adolescence quand la scolarité exige quelque effort, alors que, justement, la méconnaissance du sens de l’effort constitue la pierre d’achoppement la plus grave dans son cas ?

 

Tous les enfants doués ne méconnaissent pas ce sens de l’effort si problématique : certains restent zélés en toutes circonstances, au point qu’on pourrait penser que cette qualité est un don et, comme tel, distribuée par la nature de la même façon que le don intellectuel. Ceux qui en sont moins bien pourvus doivent donc le cultiver plus spécialement.

 

A partir de cette spécificité des enfants doués,  qu’on pourrait croire connue de tous, les malentendus, les fausses interprétations et les remèdes plus ou moins adaptés s’accumulent.

 

Durant tout le Primaire,  les pédagogues ne se posent pas de question « Tant mieux s’il réussit facilement » disent-ils tout d’abord, heureux d’avoir dans leur classe un élève à l’esprit vif, qui comprend vite, retient bien et semble intéressé par l’enseignement. Ils ne vont pas se priver d’un si bon élément faisant la joie de ses professeurs, on le garde donc le temps réglementaire, puisque tout est si facile pour lui, et d’ailleurs il n’a pas la maturité suffisante pour passer dans la classe supérieure.  Ce sont les filles qui se montrent ainsi le plus souvent des élèves de bonne volonté, appliquées et soucieuses d’harmonie ; elles attirent encore moins l’attention et suivent une scolarité apparemment sans histoire, tant qu’elles sont en Primaire.

 

A ce propos, je rappelle  mon opinion sur cette fameuse « absence de maturité » qui sert de justification pour refuser toute modification et qui n’est même pas étayée par des faits concrets. Les enfants doués sont dotés d’une hypersensibilité, encore accrue par leur perspicacité et ils réagissent souvent violemment  aux agressions, même quand elles sont perfides puisqu’ils n’ont pas été dupes de leurs apparences doucereuses. Adultes, ils conservent cette sensibilité trop grande et s’appliquent à la maîtriser comme ils le peuvent.

 

La question d’un saut de classe ne se pose même pas lorsque l’enfant semble souvent ailleurs, qu’il suit la leçon d’une oreille distraite et ne manifeste sa vivacité d’esprit que par quelques rares éclats, vite éteints. Il « peut mieux faire » c‘est certain, mais il n’est pas vraiment présent,  il s’en tient à d’honnêtes résultats, obtenus sans doute sans grand effort ;  il est superflu de se pencher particulièrement  sur le cas d’un élève calme et peut-être même un peu endormi.

 

Le saut de classe ne constitue pas un remède absolu, mais il a le mérite de nécessiter tout de même une attention plus soutenue : simplement, l’enfant   appréhende ce « saut » dans un inconnu qu’il craint et c’est la peur salutaire qu’il ressent qui l’incite à travailler  durant quelque temps. En fait, la scolarité n’offre pratiquement aucune réelle difficulté et il est très aisé de combler ses quelques lacunes : on lui explique ce qu’il n’a pas encore appris, il le comprend et il l’assimile aussitôt et de façon d’autant plus efficace qu’il y trouve, pour une fois, un véritable enjeu.

 

Pour mémoire, mentionnons l’enfant  vif, impatient, curieux de tout et qui s’ennuie à périr. Il bavarde avec ses voisins, bouge beaucoup, on le qualifie momentanément d’ « hyperactif », mais, par bonheur, le traitement médicamenteux est prescrit avec assez de précaution pour qu’on ne l’administre pas sans de multiples examens préalables ; l’enfant doué, quand il s’agite, pose donc un problème insoluble, à moins d’alimenter  en continu cette faim de connaissances. Même sous alimenté, cet enfant actif sait pourtant se montrer parfois remarquablement pertinent et judicieux.

 

Quelle que soit la façon dont les enfants doués traversent le Primaire, leur seul effort s’est réduit à se forcer  pour exécuter une corvée accablante d’ennui. Parfois, leurs parents, épuisés d’avoir à traîner ce poids mort, sont sans cesse obligés de vérifier les devoirs, les leçons, le carnet de notes, la date des contrôles. S’ils relâchent leur vigilance, juste pour voir ce qui va arriver, c’est aussitôt la catastrophe. L’élève, qui écoutait distraitement la maîtresse en pensant qu’on allait lui expliquer  tout ça à la maison d’une façon plus vivante et plus attrayante, se sent littéralement perdu et il s’effondre jusqu’à ce qu’on le récupère, puisqu’il ne semble pas y avoir d’autres solutions.

 

En revanche, ceux qui savent se maintenir dans les premiers de classe font la joie et même parfois, de façon discrète et peu ostentatoire, l’orgueil de leurs parents : ces enfants n’ont même pas besoin de travailler plus de quelques minutes pour obtenir de brillants résultats.

 

Qu’il s’agisse de ceux que l’on doit traîner durant d’interminables heures ou de ceux qui se contentent de jeter un coup d’œil sur leur leçon pour la savoir par cœur, aucun d’eux n’a la moindre notion de l’effort, c'est-à-dire de faire quelque chose de difficile, qui oblige à puiser en soi une force inhabituelle pour atteindre un résultat dont on ne se serait pas cru capable.

 

Certes, ces enfants aiment souvent relever un défi, mais ils l’envisagent comme un jeu, puisque cet enjeu doit  impérativement leur plaire et, dans ce cas, ils ne comptent pas leur peine. Ils sont même plutôt heureux d’avoir, pour une fois,  pu donner leur mesure. En outre, il s’agit d’un effort ponctuel,  aboutissant à un résultat glorieux, bien éloigné de la terne routine du quotidien scolaire.

 

On conseille bien aux parents de fournir en activités extra scolaires ces enfants trop peu occupés en classe,  mais le choix de ces activités se fait obligatoirement en fonction des goûts de l’enfant, la passion s’en mêle, l’effort est alors aisé à fournir, il ne compte même pas.

 

L’effort est un mécanisme qui n’a jamais été activé

 

Les parents ont tellement peur de gaver leur enfant pour se voir ensuite reprocher de le  pousser et de le rendre malheureux, qu’ils auraient plutôt tendance à le freiner. D’ailleurs, en classe, l’enfant doué a très vite appris à se freiner lui-même, la réponse superficielle qui lui vient aussitôt à l’esprit étant généralement considérée  comme très satisfaisante.

 

Il se construit donc de lui-même une image à partir de ce qu’on lui revoie : un enfant différent des autres en ce sens qu’il ne doit pas forcer son talent en classe, ce serait non seulement inutile, mais presque déconseillé puisqu’en approfondissant sa réflexion il se démarquerait beaucoup trop de ses camarades avec les effets secondaires désastreux que cela entraînerait. Dans son esprit, il ne s’agit pas particulièrement d’une supériorité, c’est sa nature, il a une bonne mémoire, il est bon en mathématiques, il a de bonnes idées en rédaction, mais  un graphisme souvent catastrophique, il  ne dessine pas très bien, il a aussi ses faiblesses, comme les autres enfants. Ses parents sont plutôt contents, parfois même un peu fiers : il a de bonnes notes sans vraiment travailler. Ils  le disent  bien un peu « paresseux », pour ne pas sembler trop vantards, mais ils ne vont pas se plaindre de cette facilité qui les dispense de l’inquiétude  rongeant ceux dont les enfants peinent pour apprendre à lire, doivent redoubler le CP, amorcent un parcours scolaire déjà désastreux

 

Cependant, arrive inéluctablement le moment où cette aisance merveilleuse commence à disparaître :

 

En 4°, en 2°, en Terminale, ou plus tard, en Prépa. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire l’effroi désespéré qui envahit celui qui ne savait pas ce que travailler veut dire. Sa mémoire ne fonctionne plus, la solution des problèmes ne lui apparaît plus de façon lumineuse et, en outre, il ne sait pas justifier la réponse exacte qu’il a trouvée et il a une mauvaise note. Il est totalement incapable de maîtriser ce raisonnement intuitif et rapide qui lui fournissait tout naturellement cette solution.  Cet élève devenu plus que médiocre ne peut être le même que l’ancien, qui brillait avec tant de naturel. Il a changé, et comment savoir si cette modification ne va pas se poursuivre, atteindre son aspect physique peut-être ? Cet effondrement  survenant à l’adolescence, tous les éléments sont réunis pour qu’il se trouve particulièrement affreux, disgracieux, repoussant peut-être, en tout cas peu aimable.

 

C’est ainsi que, pour retrouver une certaine maîtrise d’eux-mêmes, certains élèves plus angoissés et  amplifiant encore  la pression qu’ils subissent, peuvent présenter des troubles importants tels que l’anorexie par exemple. Il y aurait là un ultime domaine où il leur resterait quelque maîtrise.

 

Parfois, ils avouent recourir à des rituels, alors même qu’ils ne présentent aucun signe obsessionnel, mais, dans l’urgence, tous les moyens semblent bons pour tenter de conserver un peu d’aisance intellectuelle.

 

Si on  dit à cet adolescent éperdu, en s’employant au plus grand ménagement, « fais un effort ! », il reste inerte et semble ne pas comprendre. Il ne peut s’agir de lui quand il est question de fournir un effort, lui ne sait pas du tout comment procéder, il espère seulement que les choses vont se rétablir et qu’il va retrouver son habitude passée de réussir sans travailler. Etre obligé de peiner sur un devoir, de réfléchir de façon besogneuse pour résoudre un problème, de lire et de relire une leçon sans pouvoir la fixer dans son esprit démontre bien qu’il n’est plus le même. Ce n’est pas possible que cette détérioration  l‘ait touché.  A cette seule idée, il est  trop profondément horrifié pour tenter de fournir ce fameux effort dont la notion reste encore toute théorique pour lui. Il ne lui reste qu’à sombrer, à se laisser mourir peut-être, puisque déjà quelque chose en mort en lui.

 

Il  comprend simplement qu’on lui reproche son attitude et il s’insurge contre ce manque de compréhension de la part de ceux qui lui sont les plus proches et qui paraissaient le comprendre jusqu’à présent.

 

 

On pourrait concevoir que les enfants basculent ainsi dans le désespoir, quand ils ne se   reconnaissent  plus dans l’image d’un élève qui doit redoubler, ou bien quand un étudiant est, pour la première fois de sa vie, collé à un examen ; en fait, le même mécanisme agit quand ils sont seulement confrontés à la nécessité de « travailler », comme si ce mot recouvrait  pour eux une signification terrifiante.

 

On voit des enfants absolument désespérés alors que leurs notes restent bonnes : passer de 18 à 15 pourrait sembler anodin, mais, pour eux, c’est déjà l’amorce d’un écroulement  qui ira en s’aggravant sans qu’ils sachent l’enrayer, ils le sentent au plus profond de leur être, l’avenir est dramatiquement sombre, mieux vaut alors ne pas vivre cette déchéance et en finir tant qu’il leur reste quelques éclats. Ces réactions semblent d’autant plus surprenantes qu’elles surviennent chez des élèves qui avaient toujours paru finalement assez travailleurs, comme le prouvaient leur bonnes notes. Mais, si on insiste, on apprend que, pour ces élèves appliqués, « travailler » consiste à jeter un coup d’œil sur le programme durant quelques minutes, en se concentrant, en effet, de façon suffisamment efficace pour rester à leur bon niveau de résultat.  Ils ne peuvent  concevoir qu’il existe une autre manière de travailler et ils sont scandalisés si on leur suggère, avec précautions,  qu’ils devraient peut-être reconsidérer leurs conceptions.

 

C’est alors que les fausses interprétations surgissent en nombre

 

 Des diagnostics  péremptoires revoient plus que jamais à l’adolescent doué une image complètement déformée.

 

On dit que  la grille de lecture, limpide et évidente,  semble toute trouvée : ces enfants possédaient une telle facilité qu’ils n’ont jamais été confrontés à un échec qui aurait marqué leurs limites et, partant, les aurait incité à envisager la notion de castration. Cette étape constituerait une des données essentielles du développement, au même titre que la phase oeudipienne, mais ces étapes ne sont pas vécues tout à fait de la même façon par les enfants doués, même lorsqu’il s’agit de passages considérés comme inévitables. Il y aura toujours des différences subtiles, difficiles à cerner et encore plus difficile à étudier : le risque d’une approche gravement réductrice doit être pris en compte.

 

A cause de cette étape qui aurait été évitée, les enfants doués auraient été fallacieusement maintenus dans un état de toute puissance, encouragés en cela par des parents fiers et peu au courant de cette rude étape, indispensable  dans l’évolution d’un enfant. Par la suite,  brutalement placés en face de leurs limites, à un âge où cette acceptation du réel aurait dû être acquise depuis longtemps, ils souffrent bien plus que les autres, qui savaient déjà qu’il leur fallait renoncer à la toute puissance. Quand on dit que ces enfants sont immatures, on pense aussi à leur refus de la réalité : c’est parce qu’ils vivraient, plus longtemps que les autres, dans ce fantasme de pouvoir absolu,  il est alors bien temps pour eux de  découvrir la dure réalité et tant pis s’ils l’acceptent si mal. A l’image de ces maladies infantiles, presque bénignes chez les jeunes enfants et qui peuvent être mortelles chez les adultes, cette découverte tardive est plus douloureuse, mais c’est la destinée humaine de traverser cette étape. Il faut bien payer cette scandaleuse aisance des tout débuts. Le remède consisterait donc à ouvrir les yeux sur la réalité humaine et à dépasser l’illusion qu’ils avaient entretenue jusqu’à présent. Si l’enfant en perdition refuse la psychothérapie qu’on lui propose, c’est bien parce qu’il ne veut pas renoncer à son monde magique où tout fonctionne à merveille sans qu’il soit obligé de s’en occuper. La thérapie est d’ailleurs envisagée comme une solution par défaut : on va rechercher  dans le passé de l’enfant en déroute, dans son entourage, dans des événements mal vécus, les raisons expliquant ce qui semble un blocage et on va en  trouver, parce qu’aucune existence n’est parfaitement lisse et sans accrocs, mais on est très loin de la cause essentielle.

 

 Il arrive alors que cet élève égaré pense qu’il existe une formule miraculeuse 

 

Il suffirait de trouver celle qui lui convient. Il va donc, répétant qu’il voudrait « apprendre à travailler » à ses parents momentanément soulagés, puisqu’ils pensent qu’il va devenir plus raisonnable, mais cette formule  correspond dans son esprit à découvrir le mode d’emploi d’un appareil, distraitement utilisé jusque-là,  en lisant enfin attentivement la notice,  sans démarche personnelle de travail assidu. Assidu ? Que signifie « travail assidu » ?

 

C’est là que réside le malentendu qui pousse à créditer ces adolescents de ‘tout puissants’, alors que ce pourrait finalement n’être qu’une question de terminologie. « Travail » n’a pas le même sens pour chacun. Il en va de même pour bien d’autres notions, l’humour par exemple, mais  là personne ne s’en étonne.

 

Quand on sait que les enfants doués, loin de s’enivrer de leurs pouvoirs, dont ils n’ont pas conscience et qui leur paraissent tout naturels, sont généralement tourmentés par toutes sortes de doutes,  on  peut difficilement leur attribuer des idées de puissance. Ils disent bien plus souvent «  je suis nul » et ils s’en désolent. Pour eux, il n’y a pas de mérite à réussir sans travailler, mais une mauvaise note inattendue les afflige parfois profondément, à la grande surprise de leur entourage qui leur rappelle « qu’ils n’ont pas travaillé ». Cette constatation, si souvent entendue, continue à évoquer  pour eux un aspect théorique de l’existence dont on parlerait juste  pour mémoire.

 

Une autre interprétation est maintenant  souvent évoquée : « phobie scolaire » dit-on d’un adolescent qui répugne à aller en classe, puisqu’il ne s’y reconnaît plus et qu’il s’y sent  terriblement malmené. Ce terme de « phobie » évoque tant  de prolongements pathologiques qu’il peut plonger une famille entière dans un désarroi épouvanté. Les thérapies entreprises restent absolument  sans effet, elles n’agissent pas sur le fond, seulement sur les retombées finales de notions banales, mais encore  ignorées par les adolescents doués.

 

A cette « phobie » s’ajoute,  bien évidemment, un manque « d’estime de soi » tout à fait naturel dans ces circonstances. Même quand l’adolescent est enfin pris en main par des pédagogues qui connaissent ses spécificités et l’aident avec efficacité, on conserve le traitement destiné à lui faire retrouver cette « estime de soi », comme s’il s’agissait d’un symptôme isolé, sans véritable rapport avec la situation présente

 

Il convient de rappeler que les enfants se construisent une image d’eux-mêmes à partir de celle qu’on leur renvoie. Il est pratiquement impossible de se former de soi-même une image cohérente et solide sans recevoir de retour de l’entourage. Ceux qui ont réussi par eux-mêmes, sans aucun soutien de leur entourage se retrouvent souvent dans l’action,  où ils connaissent leur valeur, mais l’image de soi intime, profonde, celle qui permet l’expression des sentiments, leur fait défaut.

 

Pour l’adolescent qui se voit sombrer, cette image se brouille, alors quelle « estime » mérite-t-elle ?

 

Peut alors s’installer un lent engourdissement, fait de renoncements discrets, à peine perceptibles, mais qui s’accumulent  pour aboutir à un état amoindri, le plus urgent étant d’effacer le moindre souvenir des rêves d’antan. Penser aux jours anciens réveille une douleur insupportable.

 

Ces réactions tellement douloureuses, la vision d’un avenir obscurci, l’image de soi durement entamée n’incitent tout de même pas ceux qui souffrent tant à modifier leur attitude face au travail : ils persistent dans leur position et  d’ailleurs ils ne sauraient comment procéder pour la changer.

 

Souvent, ils adoptent une attitude plus radicale encore : ils ne travaillent plus du tout, leur échec est donc prévisible, justifié, et ils s’en accommodent du mieux qu’ils le peuvent, puisqu’ils leur faut aussi affronter les remontrances, plus ou moins sévères, de leurs parents et accepter de les décevoir. On se dit « mais à quoi peut-il bien penser en ne travaillant plus du tout ? Il va redoubler, il travaillera encore moins, puisque il pensera connaître le programme et on ne peut refuser le redoublement au vu de ses notes catastrophiques… » Lui semble indifférent, ailleurs, à peine concerné par son avenir.

 

 Il est bien loin le jeune enfant qui allait à  l’école pour les récréations, entrecoupées de quelques formalités plus scolaires et plus ennuyeuses accomplies distraitement, mais avec succès. Une petite fille se désolait quand elle n’avait que 14. Adolescente elle soupire : « qu’est ce que je donnerais maintenant pour avoir 14 ! »

 

C’est alors qu’ils ont l’impression d’être à côté ou en dehors d’eux-mêmes, ils suivent un parcours sans intérêt, parfois même franchement affligeant, dans la compagnie de condisciples qui leur restent étrangers, ils se sentent encombrés par cet individu qui rate tout ce qu’il entreprend,  alors même que leurs ambitions décroissent d’année en année. Ils ne se reconnaissent plus.

 

Pour éviter à ces adolescents de se croire désormais relégués dans des limbes floues où ils se sentent comme égarés, il est essentiel de les aider à découvrir le plus tôt possible la notion de travail, la valeur de l’exercice plusieurs fois répété, l’acceptation des devoirs rédigés dans la forme demandée, c’est un entraînement  semblable à celui des athlètes, qui ne songeraient jamais à s’insurger contre une discipline qui leur apportera peut-être la joie de la victoire.

 

Certains adultes, encombrés d’eux-mêmes et de cette quête perpétuelle qui n’aboutit jamais, ont l’opportunité de reprendre des études.

 

C’est  avec leur esprit d’adulte, plus pratique et plus au fait des exigences de la vie,  qu’ils recommencent ce qu’ils n’avaient pas su faire quelques années auparavant.  Ils découvrent alors dans la peine, dans les larmes même parfois, les contraintes du travail. Leur désir de s’extraire de leur malaise actuel est assez fort pour leur insuffler une énergie nouvelle, mais que de souffrances à endurer ! S’y ajoute le  souvenir encore pénible des échecs qui avaient marqué les limites de leur rêve d’accomplissement.  Ces barrières, peut-être infranchissables,  pourraient encore se dresser devant eux, au prochain examen, au devoir qu’ils rédigent, à l’exposé qu’ils ont préparé en tremblant.

 

Eux aussi ont besoin d’aide, ne serait-ce que pour alléger leur peine.

 

Des  théories telles que la gestion mentale viennent à leur secours, élèves en désarroi comme adultes en perdition, ils retrouvent les chemins menant à une efficace utilisation de leurs capacités et surtout à un bonheur de vivre dont ils avaient depuis longtemps oublié le goût.

 

Le plus sage consiste à donner, dès le début, ce sens de l’effort  pour qu’il ne   reste pas théorique. « Dès le début » signifie dès la Maternelle, où les enfants amorcent déjà cet abandon du sens de l’effort : ils préfèrent rester semblables à leurs camarades de classe, alors que c’est dans ce tout jeune âge qu’ils peuvent apprendre à associer la notion de travail bien fait à celle de plaisir, mais, pour les y inciter, il faudrait modifier radicalement la pédagogie et accepter de prendre en compte les particularité des enfants doués ; on leur épargnerait alors ces brutales plongées mortifères dans un échec annonciateur de catastrophe. Le prévenir serait plus efficace que de le soigner, avec plus ou moins de succès, en évitant toutes les traces douloureuses qu’il laissera, parfois la vie durant.

 

 Les élèves qui refusent de voir leurs notes baisser réussissent bien à éviter ce cap dangereux,  quitte à souffrir face aux pesants pensums qu’ils s’obligent à effectuer, mais ils gardent le cœur léger, ils conservent une harmonie familiale sans drame et ils peuvent s’offrir le plaisir de rêver tout à loisir.

                                                                                      

L’adolescence est  alors l’âge de l’éblouissement dans toute sa plénitude, le savoir acquis permet de goûter plus délicieusement les joies de la connaissance et surtout il ouvre les horizons illimités que des études  plus poussées vont permettre d’explorer. Le vertige qui saisit l’adolescent au seuil de ces découvertes laissera une trace inoubliable : celle du rêve qui pourrait devenir possible…      

 

 



 

Quand l'enfant doué 

est qualifié d'agité

Arielle ADDA

 

Depuis quelques années un comportement agité, qu'on aurait autrefois appelé " instabilité ", très fréquent chez nombre d'enfants, est désormais connu sous le vocable " d'hyperactivité ". Les symptômes en sont bien connus, répertoriés et, comble de chance, il existe un traitement. Désormais les parents peuvent vaquer en paix à leurs occupations et dormir tranquilles : leur enfant ne perturbe plus la classe, il apprend bien et il est plus calme à la maison. Il suffisait de définir correctement l'ensemble de ces troubles et de leur trouver le remède approprié.

Quand il s'agit des enfants doués, les incertitudes, les équivoques et les malentendus s'accumulent comme à plaisir : tout le monde, ou presque, a maintenant entendu dire que les enfants doués possèdent des caractéristiques qui les différencient des autres, on ne sait d'ailleurs pas très bien lesquelles, mais il est désormais facile de dire qu'un enfant un peu différent est ainsi parce qu'il est " surdoué ". Ne reste alors qu'à l'accepter comme tel et à prendre son mal en patience, ou bien on le soigne, à l'instar des autres enfants. Il ne s'agirait, après tout, que d'un syndrome comme un autre…

À la faveur de cet exemple on peut constater à quel point la notion de don intellectuel engendre des idées fausses. On en arrive à juger qu'un enfant fait partie de cette fameuse catégorie dite de " surdoués " uniquement parce qu'il ne cesse de s'agiter et les parents perplexes subissent leur sort sans oser se rebeller, puisqu'ils ont la chance et le malheur d'avoir un enfant pas comme les autres, mais si intelligent ! Ils s'entendent dire, de façon plus ou moins explicite : " voilà ce qu'il en coûte d'avoir un enfant surdoué et vous l'avez sans doute bien voulu ! " On conseille donc de le mettre dans une " école pour surdoués ", lieu complètement mythique, car on sait qu'il n'existe pratiquement pas d'" école pour surdoués " dans le Primaire. Les parents partent à la quête de ce nouveau Graal, qui va résoudre tous leurs problèmes, puisque leur enfant y trouvera enfin la nourriture intellectuelle qui lui convient. Cette quête impossible n'aboutit qu'à des solutions approximatives, peu satisfaisantes, surtout quand cet enfant n'est pas plus doué qu'un autre, mais seulement agité pour de multiples causes, allant du problème familial non résolu à la véritable pathologie, à traiter en urgence. " Enfant doué " ferait désormais partie de la nomenclature des troubles et les enfants qui en seraient affligés ne peuvent s'adapter en milieu scolaire dit normal, malgré les efforts louables de l'Éducation Nationale pour intégrer dans ses classes toutes sortes d'enfants un peu différents… dans cette optique, on considère qu'un enfant est intellectuellement doué s'il est très perturbé, mais on refusera de reconnaître ses dons à celui qui reste sage et calme, parce qu'il préfère éviter de se faire remarquer et de semer la zizanie au sein de la classe, même s'il n'y est pas très heureux.

Cependant, un enfant authentiquement doué peut, en effet, s'agiter en classe parce qu'il est d'un caractère impatient et qu'il connaît tout le programme alors que les autres peinent encore pour en saisir les prémices. On le juge insupportable, mal adapté, difficile, sans songer un instant qu'il puisse dire vrai quand il a l'audace de prétendre savoir lire et opérer des soustractions alors qu'il commence à peine son CP. Confronté à tant d'incompréhension, il peut se replier tristement sur lui, et se calmer enfin, dans une résignation désolée et parfois très nocive pour son évolution à venir, ou bien se mettre dans des colères folles, explosives, inquiétantes, colères qui peuvent brusquement cesser, une fois le don intellectuel reconnu et compris, par exemple en lui accordant la faveur tellement rare d'un saut de classe.

Pour eux comme pour ceux qu'on a indûment qualifiés de " surdoués " à cause de leur comportement empreint de bizarreries, un simple examen psychologique suffit pour déterminer les causes d'une attitude déviante.

Il arrive aussi qu'un enfant qui avait été dans son tout jeune âge une merveille de calme, de sagesse et de maturité commence à donner tous les signes de l'agitation la plus désordonnée peu après son entrée à la Maternelle, entrée à laquelle il aspirait de tout son être. Non seulement il est un peu déçu de ne pas encore aborder la connaissance telle qu'il la conçoit et les moyens d'y accéder, mais surtout, et pour la première fois de sa vie, il se surprend en situation d'échec et la toute-puissante maîtresse le lui fait bien sentir. Il est alors envahi par une appréhension insupportable à l'idée qu'il va se révéler défaillant, décevant, et peut-être irrémédiablement idiot, lui qui désirait tant goûter aux plaisirs dispensés par le savoir et en attendait un bonheur infini. Il croit qu'il va être obligé de renoncer à ces joies multiples pour s'enfoncer dans un terne ennui, puisqu'il se montre incapable de réussir les tâches qu'on lui propose. La pression qu'il s'impose à ce moment-là est intenable, insoutenable, si douloureuse que l'enfant dans l'angoisse ne cesse de s'agiter, comme pour échapper à cette oppression qui l'écrase : cet enfant endolori, qui remue en tout sens sans jamais trouver de repos, offre un spectacle d'autant plus pénible à contempler qu'on se souvient encore de sa sagesse admirable. Il est alors urgent de démonter avec lui le mécanisme qui l'a conduit à cette situation impossible, de le dédramatiser, si possible avec l'appui de la maîtresse, qui ne pouvait se douter des exigences perfectionnistes de cet élève ni de l'angoisse mortelle qui l'étouffe, quand il voit les plus sombres perspectives d'avenir remplacer l'image idéale d'un enfant progressant joyeusement sur les chemins de la connaissance.

Cet aperçu de situations pourtant emblématiques n'évoque pas le cas le plus fréquent et le plus délicat à cerner : celui des enfants reconnus comme doués et qui ont du mal à conserver une bonne concentration d'esprit.

Cette difficulté à rester attentif en toute occasion est d'autant moins reconnue par les parents que ces enfants sont capables de rester des heures sans bouger si une activité les passionne. Il en va ainsi pour les fameux puzzles de mille - ou de multiples de mille - pièces que certains enfants d'à peine 2 ans réussissent grâce à une attention sans égale et dont les parents parlent encore des années plus tard pour appuyer leurs dires.

Les maquettes d'autrefois, remplacées par les légos, le tout supplanté par l'omniprésent ordinateur ont toujours su mobiliser totalement un enfant, ailleurs qualifié d'agité, mais qui réussit ici à merveille, preuve irréfutable de ses qualités d'attention.

En classe, ces enfants semblent papillonner, ils comprennent immédiatement toute explication, ils réussissent quelques exercices, puis ils se désintéressent du sujet et passent à un autre, tout différent, pour suivre un processus identique. Ils ne lisent que les histoires évoquant les sujets qui les intéressent et deviennent analphabètes face aux autres livres, ils peuvent écrire sans faute quand c'est nécessaire mais usent ailleurs d'une orthographe épouvantable, ils saisissent une règle en mathématique, mais accumulent les erreurs de calcul quand il faut l'appliquer dans des exercices, ils ont compris de quoi il s'agissait, cela leur suffit, point n'est besoin alors de s'éterniser sur un sujet qui devient ennuyeux à force d'être rabâché. Cette approche trop superficielle ne tarde pas à révéler ses dangereuses failles : l'élève doué ne s'est pas constitué une " banque de données mentales " son seul projet était de comprendre et non de répondre aux exigences dans un protocole qui lui paraît extrêmement contraignant et qu'il refuse comme s'il lui était impossible de s'y soumettre. (Cette description est inspirée par les méthodes de Gestion Mentale mises au point par Antoine de la Garanderie, appliquées par Hélène Catroux). Dans ces conditions, rien n'est vraiment acquis, tout le savoir est intégré d'une façon embrouillée qui interdit de retrouver un élément dans son esprit au moment opportun. On sait qu'on a rangé quelque chose dans un tiroir, mais il est impossible de s'y retrouver dans ce fouillis. Hors de son contexte, qui facilite le mécanisme de la mémoire et l'émergence d'un souvenir, il devient trop difficile de retrouver une donnée isolée.

Cette incapacité à mobiliser son attention durant le temps nécessaire pour assimiler parfaitement une donnée nouvelle et pouvoir l'utiliser à tout moment, même longtemps après qu'elle a été abordée, fait dire que cet élève distrait est trop agité pour conserver une efficace concentration d'esprit, puisqu'il a déjà envie de passer à un autre sujet et qu'il bavarde, se dissipe et perturbe la classe studieuse qui applique les règles nouvellement découvertes dans des exercices un peu fastidieux, mais destinés à entraîner utilement l'esprit et à automatiser ce type de réflexion grammaticale, mathématique, logique, et tout ce qui s'apprend en classe pour la vie.

Ces enfants ressemblent à des boulimiques qui ne peuvent plus s'arrêter d'enfourner de la nourriture, avec un sentiment d'urgence de plus en plus contraignant, comme si la nouvelle boîte de biscuits, tout comme la découverte d'une nouvelle formule mathématique, allait enfin combler ce désir insatiable d'amasser, d'accumuler… de plus en plus vite et d'une façon de plus en plus vorace, qui rend impossible toute réelle assimilation.

On pense aussi à ces lecteurs de romans policiers, incapables de contenir leur curiosité et qui ne peuvent s'empêcher de sauter à la dernière page pour éviter un insoutenable suspens.

Comment faire comprendre à un enfant à l'esprit vif, vivacité dont ceux qui savent l'apprécier le complimentent habituellement, qu'il est parfois obligatoire de se livrer à des exercices répétitifs, même s'ils lui semblent d'un mortel ennui. On peut d'ailleurs partager son point de vue et le comprendre : il est, certes, ennuyeux, lassant, d'un épouvantable manque d'intérêt de recommencer, éternellement semble-t-il, des exercices d'une totale facilité pour celui qui en a si bien compris le principe et qui ne peut imaginer qu'il en aura tout oublié quelque temps plus tard. Par la suite, c'est à cause de son angoisse, suscitée par la brutale découverte de son ignorance, qu'il s'agitera, comme pour se donner une contenance. On parlera alors d'un autre syndrome, celui de " déficit d'attention " et tout semblera dit.

En attendant, on se trouve face à un enfant de 11, 12 ou 13 ans en graves difficultés scolaires, alors qu'il avait toujours été brillant, bien qu'un peu agité à cause de l'ennui provoqué par les longues, et même interminables, explications ressassées par la maîtresse, soucieuse d'être comprise par toute la classe.

Pour éviter cette catastrophe, on peut tenter de lui expliquer, dès son plus jeune âge, qu'il est nécessaire de s'imposer une discipline, de la même manière qu'il y consent pour son sport favori, et que les exercices sont absolument et impérativement obligatoires, parce que sa responsabilité commence déjà à ce moment-là et que son devenir est en jeu. Il aura du mal à croire que sa facilité, qui lui semble si naturelle et lui permet de se contenter d'une écoute distraite des explications, que cette facilité donc puisse l'abandonner un jour, il pensera que les règles sont pour les autres, et qu'il bénéficie d'un régime spécial, puisque l'école l'ennuie un peu, parce qu'il n'est pas très scolaire et qu'il a de bonnes raisons pour dire qu'il ne sert à rien de recommencer dix fois, cent fois le même exercice, mais un jour arrivera où il se sentira perdu et le cerveau vide face à une question que tous les autres sauront résoudre dans l'instant.

La notion d'effort est indispensable pour permettre aux enfants doués de progresser, le plus souvent un saut de classe leur permet de la découvrir, mais cet effort doit aussi porter sur l'acceptation de la contrainte si difficile à s'imposer à soi-même quand rien n'y oblige encore. Il faut apprendre à travailler, cette aptitude est encore plus rare chez les enfants doués qui se sont passés si longtemps de cette pénible obligation. Fournir un effort de longue durée oblige à acquérir une plus grande maîtrise de soi, mais les enfants doués, longtemps abusés par leur facilité, ignorent ce type de travail au long cours. Pour eux, tout doit arriver tout de suite, ici et maintenant, tout retard ou tout délai leur étant insupportable.

C'est pourtant à ce seul prix que la réussite est possible, puisqu'il s'agit des fondations d'un savoir qu'il faudra utiliser sa vie durant.

L'agitation, qualifiée, le plus souvent à tort dans le cas des enfants doués, d'" hyperactivité ", n'est qu'une toute petite partie des manifestations d'un caractère impatient et passionné. Elle ne doit pas être isolée de l'ensemble de la personnalité mais elle peut être apaisée par des règles de conduite, dont on expliquera le bien-fondé, plutôt que par des médicaments. L'ignorer, en pensant qu'elle va disparaître d'elle-même, ou la subir sans la combattre parce qu'on la croit inhérente au don intellectuel, constitue une perte de temps et un gaspillage de dons.

© Arielle Adda - Juillet 2000




Mise au point sur l'hyperactivité

de l'enfant et de l'adolescent

Docteur Ladislas KISS

 

Ces derniers temps la question de l’hyperactivité normale ou pathologique suscite de nombreuses prises de positions entre les tenants de la psychologie, de la neurologie et de l’éducation. Tout comme le phénomène de la précocité intellectuelle, il ne s'agit pas d'un trouble d’apparition récente ni d'un phénomène de mode. Décrits depuis plus d’un siècle les symptômes de déficit d’attention et d’agitation ont été répertoriés et appréhendés sous diverses terminologies : instabilité psychomotrice, hyperkinésie, trouble de l'attention avec hyperactivité, hyperactivité avec trouble de l'attention.


Qu'entend-t-on par hyperactivité ?

L'American Psychiatric Association dans sa quatrième classification des troubles mentaux (DSM-IV) décrit le trouble hyperactif avec déficit de l'attention (THADA) tandis que l'OMS dans sa CIM 10 propose des critères diagnostiques similaires sous la mention trouble hyperkinétique.

2 et 5 % des enfants en âge scolaire présente une hyperactivité soit environ 200 000 enfants en France, ce qui correspond à en moyenne à la présence statistique d’un enfant hyperactif par classe dans un rapport de trois ou quatre garçons pour une fille. La caractéristique des enfants hyperactifs est qu’ils ont des difficultés précoces et durables dans trois domaines en proportion variable sous forme d'hyperactivité, d'impulsivité et d'inattention, difficultés aucunement en accord avec leur maturité d’âge.

Pour ce qui est de l'inattention. L'enfant THADA se laisse très facilement distraire par n'importe quel stimulus extérieur et ne peut se concentrer. En famille, il semble ne jamais écouter, ne peut se concentrer, est dans la lune, ne peut travailler, passant sans arrêt d'une activité à une autre sans terminer celle en cours, perd continuellement ses affaires, ne retient pas les consignes mêmes les plus simples. Socialement, l'enfant hyperactif a d’énormes difficultés à participer à une conversation car il intègre très mal les préoccupations des autres, les règles conversationnelles ou celles des jeux proposés. Enfin à l'école, on se plaint de lui tant par ses attitudes que des consignes de travail non respectées.

Pour ce qui est de l'impulsivité. L'enfant répond et réagit vite, trop vite, sans tenir compte des conséquences possibles des ses actes et paroles. Impatient, centré sur lui-même, il a tendance à harceler sans cesse pour atteindre ses buts, ce qui le rend souvent très impoli et tend à le mettre en marge des autres s’il ne se fait sanctionner de manière répétitive (parents, professeurs, camarades) jusqu’à parfois devenir un souffre-douleur.

Pour ce qui est de l'hyperactivité. L’enfant THADAprésente une activité motrice excessive pour son âge. Selon son entourage "il ne peut rester assis ", " il bouge tout le temps ", " il fait des bruits incongrus ", " il n'arrête pas de parler ". Ainsi, à l'école, l'enfant ne peut rester assis tranquillement, il se lève sans permission, tripote des objets (crayons, petits jouets, trombones), se retourne pour parler à ses camarades de classe, émets des bruits incongrus, des commentaires à voix haute ou par maladresse renverse à grand fracas, règles et crayons jusqu’à tomber à la renverse de sa chaise sur laquelle il se balance.

La variabilité de la proportion de ces 3 symptômes, permet de décrire trois types d'hyperactivité : le type mixte, le type à inattention prédominante et le type hyperactivité/impulsivité prédominante. Chez les filles on retrouve plus souvent la forme à inattention prédominante qui en fait des élèves rêveuses, dans la lune, mal organisées.

10 à 90% des enfants THADA présentent des troubles des apprentissages ou du comportement assosiés de petite ou grande intensité. Ainsi, en particulier chez les garçons, le trouble oppositionnel de l'enfant qui conteste, refuse, se met en colère, ne se prête pas aux règles de vie est présent dans la moitié des cas au THADA. Un quart des enfants hyperactifs sont anxieux et 10 à 40% dépressifs du fait de leur sentiment d’échec et de rejet. Les troubles du sommeil sont fréquents avec difficultés d'endormissement, coucher tardif, sommeil agité, réveils nocturnes, fatigue.

Dianostics différentiels d’ hyperactivité


Beaucoup d’enfants présentent naturellement des troubles de l'attention ou des comportements agités. C’est le cas de l'enfant jeune normalement turbulent qui aime courir, sauter, escalader. Cependant il existe des hyperactivités motrices secondaires à une autre pathologie connue somatique, psychiatrique, neurologique ou dues à un traitement médical particulier : l'hémiplégie infantile, des lésions cérébrales (traumatismes, épilepsies) ou des maladies endocriniennes thyroïdiennes, les traitements par corticoïdes, psychotropes, anticonvulsivants, antiallergiques.


L'hyperactivité ou des comportements sociaux inadaptés peuvent également être la marque de troubles envahissants du développement autistique ou du syndrome d'Asperger. Mais, un épuisement, une dépression, une anxiété, un retard mental ou une précocité intellectuelle se révèlent parfois paradoxalement par une agitation.

Comment faire le diagnostic ?

Le médecin de famille peut suspecter sa clinique mais sa confirmation est soumise à compétences d'une équipe spécialisée hospitalière de pédopsychiatrie ou de neuropédiatrie. Le diagnostic est avant tout clinique, il s’appuie essentiellement sur le recueil de diverses données collectées auprès de la famille et de l'école de l'enfant, mais aussi sur l'observation directe de l'enfant en consultation et son comportement en salle d'attente. L'examen est complété par une batterie de tests d’évaluation psychologique, comportementale (Conners) et d’efficience intellectuelle. Certains tests sont plus spécifiques de l'exploration de l'attention - comme le test de Stroop, les tests de barrage, le CPT (Continuous Performance Test) sur ordinateur - ou de l'évaluation des fonctions exécutives.

Quelles sont les causes de l’hyperactivité ?

Jusqu’à ce jour aucune cause n’a pu être spécifiquement identifiée. On observe pour ce trouble une intrication de divers facteurs neurobiologiques, génétiques, psychologiques et éducatifs. Sur le plan biochimique, la notion d'un dysfonctionnement dopaminergique et noradrénergique est retenue depuis de nombreuses années avec l’hypothèse, pour la dopamine, de l’existence d'une hypoactivité corticale expliquant les perturbations cognitives et d'une hyperactivité sous-corticale engendrant l'hyperactivité motrice. En ce qui concerne la noradrénaline, on retient l’idée d’une part d’une hypoactivité corticale rendant compte du déficit de mémoire de travail et d’autre part d’une hyperactivité sous-corticale responsable de l'excitabilité.

De nombreux facteurs environnementaux et pré- et périnataux ont été répertoriés favorisant l’hyperactivité de l’enfant :grande prématurité, hypotrophie néonatale, stress anténatal, intoxications pendant la grossesse (tabac, cocaïne, alcool, plomb). Mais des facteurs relationnels sont aussi en jeu : une dépression maternelle, des difficultés intrafamiliales, l'instabilité psychosociale (placement, précarité, maladie mentale d'un parent). Tous ces facteurs sont susceptibles de générer ou d’aggraver un THADA de l’enfant. C'est la raison pour laquelle, on doit impérativement tenter d’intervenir sur ces dimensions psychosociales et environnementales parallèlement au traitement médical.

Comment traiter ces enfants?

La prise de traitements médicamenteux à visée psychotrope s’avère utile dans le traitement de l'enfant hyperactif mais sa seule prescription est souvent bien insuffisante. Un bon processus thérapeutique associe obligatoirement des approches éducatives, rééducatives, psychothérapiques et familiales.

Ainsi les psychothérapies cognitivo-comportementales, en groupe ou individuelles s’attacher à modifier le comportement de l'enfant et à l’aider dans sa perception de lui-même. Les psychothérapies psychodynamiques, mises en œuvre en parallèle, visent à travailler l'histoire familiale et d'analyser et modifier les conditions de vie et relationnelles de l'enfant afin de créer un climat propice à la confiance en soi et au calme.


En complément les approches orthophoniques ou la rééducation psychomotrice peuvent contribuer à la rééducation du trouble attentionnel et à fournir à l'enfant des stratégies adaptatives plus efficaces pour faire face à son trouble.

Les traitements de l’hyperactivité


Les psychostimulants à base de produits amphétaminiques (méthylphénidate) représente de nos jours le traitement électif. Ces produits peuvent être délivrés chez l'enfant de plus de 6 ans, sans limite supérieure d'âge. La première prescription est toujours hospitalière, réservée aux seuls services spécialisés de psychiatrie, de neurologie et pédiatrie et doit être effectuée sur une ordonnance sécurisée pour durée maximum d'un an. Dans la période intermédiaire entre deux prescriptions hospitalières, les renouvellements, tous les vingt-huit jours, peuvent être effectués par tout docteur en médecine : ces renouvellements doivent être faits sans modification des doses indiquées par l'ordonnance hospitalière. Il est recommandé d'interrompre le traitement au moins une fois par an, de préférence pendant les congés scolaires de longue durée (vacances d’été) afin d’apprécier la pertinence de sa poursuite à la rentrée suivante. Généralement, ce traitement est assez bien toléré. Les effets indésirables sont peu importants notamment avec les nouvelles formes galéniques à libération prolongée. Ainsi irritabilité, troubles d'endormissement et une diminution de l'appétit surtout en début de traitement sont souvent bénins et ne nécessitent pas l'arrêt du traitement. D’autres effets indésirables sont plus rares : céphalées, vertiges, douleurs abdominales.

Les anxiolytiques et sédatifs en complément peuvent moduler certains troubles notamment de l’anxiété et du sommeil participant à aggraver le trouble hyperactif du fait de l’épuisement qu’ils engendrent.

Conclusion :

« Les caractéristiques comportementales et cognitives des enfants hyperactifs sont globalement peu compatibles avec les exigences scolaires. Le rôle de l’enseignant est primordial dans la réussite de l’intégration de l’enfant au sein de la classe et dans l’accès aux apprentissages. Cela n’est possible que s’il connaît le trouble et travaille en collaboration avec les parents et les soignants » (Le Heuzey)

Bibliographie :

Marie-France LE HEUZEY : L’enfant hyperactif. Editions Odile Jacob, 2003.

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Faut-il consulter un psy ?

 

par le Dr Ladislas KISS

 

Vous souffrez ? N’en parlez surtout pas à un psy.

   Je me sens obligé d’apporter quelles précisions au  contenu de l’article (COURRIER INTERNATIONAL 669, p. 40-41) « » pour étayer la thèse du psychologue américain George BONANNO sur les méfaits paradoxaux des psychothérapies et les bienfaits du refoulement. Cette thèse qui n’est pas nouvelle est dans la droite ligne de celle du concept de résilience tant à la mode et véhiculé par les mass-médias comme mécanisme de défense plutôt «efficace» afin de « digérer » « rapidement » certains traumatismes physiques et psychiques .

 

      En effet, seul le recul malheureusement du temps permet aux professionnels de mesurer l'importance de l’impact des traumatismes et de mieux conceptualiser les éventuels facteurs pernicieux entretenant les troubles constatés. Si  le plus souvent, passée une petite période de stress, tout semble rentrer dans l’ordre  «tranquillement», il est néanmoins constant d’observer à moyen ou long terme  (20 à 40 ans après) des troubles de la structuration de la personnalité profonds que révèlera la qualité de la vie relationnelle ultérieure du sujet ou des réactions disproportionnées face à des évènements anodins de la vie quotidienne..

 

    Il est tout de même important de préciser que l’intervalle de temps libre entre la constatation des troubles psychoaffectifs ou comportementaux et certaines situations de traumatisme est parfois si grand qu’il est souvent très difficile d’établir et d’affirmer ou d'infirmer un lien de cause à effet. Pour plus d’information, nous invitons le lecteur à se renseigner précisément sur les récents travaux statistiques (von Boch-Galhau) faisant état de fortes corrélations entre l’observation de troubles psychopathologiques et des situations de traumatismes difficilement vécues dans leur réalité ou leur subjectivité.

 

  Plus que des guerres d’opinions ou de pouvoirs, entre notamment sociologues, psychologues, psychiatres et psychothérapeutes, nous souhaiterions ardemment un vrai dialogue et de sérieux travaux synergiques entre scientifiques et praticiens. Ils arriveraient  très certainement à dégager des constantes pathologisantes ou favorables qui nous permettraient de mieux poser objectivement les limites à ne pas dépasser en infirmant ou confirmant  l’adoption de certaines positions dans nos discours, attitudes ou comportements au cours de la prise en charge des victimes de traumatismes.

 

  En effet, quel penseur, psychothérapeute ou sociologue pourrait encore aujourd’hui affirmer que les violences tant réelles que subjectives ne laissent pas de traces ?

 

  Peut-être quelques adaptes ayant mal compris Boris Cyrulnik qui nous servent à qui mieux mieux la tarte à la crème de la résilience avec son «tricotage» que tout un chacun s’empresse de récupérer comme bon lui semble afin de pouvoir continuer à se voiler la face sur soi-même ou son entourage sans trop se poser de questions dérangeantes. Ce concept, trop médiatisé, est selon nous doublement pernicieux du fait d’un risque surajouté de récupération par certains décideurs  (politiques, sociologues ou psychothérapeutes bien en vue)  qui tenteraient de justifier un laisser-faire au nom d’un «droit à la différence» socio-éducative ou d’un devoir de «non-ingérence» dans la vie privée des personnes et des familles. Serge Tisseron parle même dans certains cas de « monstres dormants , adaptés et généreux,  tapis au creux de personnalités meurtries…jusqu’à ce que des circonstances exceptionnelles les révèlent ».

 

  Quant à nous, nous préférons des études plus objectives sur des bases épidémiologiques sérieuses de longue haleine menées de concert par des équipes interdisciplinaires encadrées par un esprit critique d’analyse de données comme le fait très bien Jean Cottraux dans son domaine. En effet comme l’a dit pertinemment Jean-Claude Lavie : «nous vivons entourés par des ensembles conceptuels de toutes sortes, qui naissent, se maintiennent, s’épanouissent et exercent, à notre insu, leur totale emprise sur nous» avec le risque de nous trouver en fin de compte devant notre «perplexité à décider si la tolérance doit tolérer l’intolérance.»

 

  Espérons que les 150 000 dollars de la National Science Foundation  versé aux recherches de George BONANNO lui permettront d’observer sur au moins 40 ans les victimes du 11 septembre pour éviter de lui faire dire n’importe quoi sur le court terme. A moins que cet argent soit un jour versé à des chercheurs capables d'étudier profondément le devenir des enfants intellectuellement précoces en s'appuyant sur les colossales données collectées depuis des décennies par les ministères de la défense et de l'éducation nationale sur l'ensemble de la population française via leurs tests d'évaluation. Un beau défi à relever qui permettrait d'appuyer encore mieux toutes les actions nécessaires auprès des enfants, parents, enseignants , psy et chercheurs pédagogues.

 

Docteur Ladislas KISS